Publié le 13 mars 2018
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Le grand boom des budgets participatifs

Considéré depuis 2014, année de l’élection de nouvelles équipes municipales, comme un apanage des communes de gauche, ce qui permettait de donner du grain à moudre à l’opposition, l’expérience de participation citoyenne concerne aujourd’hui une quarantaine de villes françaises, toutes tendances confondues. Une nouvelle forme d’engagement citoyen voit-elle le jour alors même que les urnes sont délaissées ?

 

Une incarnation de la démocratie participative

Le dispositif du budget participatif, à savoir associer des citoyens non élus à l’allocation des finances publiques, est né au Brésil, à Porto-Alegre, à la fin des années 1980. À l’origine, il s’agissait pour les quartiers de se réunir afin de hiérarchiser les priorités, d’élire des conseillers à même de les porter et de les traduire en projets.

Cette initiative, dont l’impact sur le développement économique et social de la ville a été indéniable,  a inspiré les modèles sud-américains, puis européens. Il est difficile d’arrêter le nombre de budgets participatifs existant dans le monde tant ce vocable recouvre une large palette de dispositifs très différents en terme de procédure et de pratique politique. Consultation sur le budget, travail avec les institutions locales ou bien ouverture à des partenariats privés, les modèles échappent à la standardisation.

Le point commun semble être la volonté politique qui ne va pas sans une volonté d’affichage. Partant du principe que le pouvoir c’est l’argent et que gouverner c’est faire des choix, lancer un dispositif de budget participatif permet à une collectivité de laisser entendre au citoyen qu’il est écouté et surtout qu’il est en capacité d’orienter les ressources publiques. Or, quand on sait qu’en général un budget participatif représente environ 5 % du budget d’investissement de la collectivité, le pouvoir citoyen reste limité ; en fait,  les élus gardent la main sur les projets.

Paris, le premier de la classe ?

Comme l’indique le politologue Carsten Herzberg, les budgets participatifs sont le « vaisseau-amiral » de la démocratie participative. Les mairies françaises ne s’y sont pas trompées et ont adhéré en masse. Le quotidien les Échos, dans un article du 28 février dernier, relève qu’une cinquantaine de maires se sont approprié l’outil dès 2014 et que le nombre de programmes a été multiplié par huit depuis cette date, suivant l’exemple de Paris où il a été mis en place cette même année.

Le Budget participatif permet à la maire de Paris, qui a fait de la participation citoyenne une priorité de son mandat, de montrer combien elle privilégie la concertation, à grand renfort de communication. C’est ainsi que sur la mandature, près de 500 millions d’euros, soit 5% du budget d’investissement de la Ville, sont alloués au dispositif. Ce qui représente environ 45 euros par an et par habitant alors que la moyennes en France tourne autour de 9 euros par habitant en 2017.

Une étude de l’APUR, (note 123-février 2018) en fait élégamment la publicité. Il est toutefois à noter qu’en 2016, 7 % de la population parisienne s’est impliquée dans la démarche mais que seulement 4 % a voté au budget participatif.