Publié le 26 septembre 2017
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Sexy chrono … gestor Stupéfaction dans l’encadrement supérieur : remise en cause de l’accord cadre ARTT ?

Alors que les missions des cadres de la Ville s’étoffent à un rythme d’une régularité exemplaire, selon la courbe ascendante des contraintes liées aux réorganisations et déménagements, l’administration n’hésite pas à leur imposer, ainsi qu’à leurs équipes, une nouvelle philosophie : le renoncement dans l’abnégation. Mais qu’ils se rassurent, de nombreux outils sont mis à leur disposition pour tenir le cap, tel un guide de conduite du changement.

 

Quand l’interprétation remplace la concertation

On ne peut qu’admirer les qualités d’interprétation de l’administration. Quand un document, en l’occurrence le protocole d’accord cadre relatif à l’aménagement du temps de travail, se prête si bien à l’explication de texte, pourquoi s’en priver ?

Le secrétariat général y excelle particulièrement , argumentant que la note concernant la limitation des dépassements d’horaire au-delà de 39 heures hebdomadaires ne fait que traduire l’esprit du protocole ; la délibération correspondante est en effet un modèle de rédaction, indiquant « le crédit d’heure permet de récupérer sur une année civile jusqu’à 8 journées sur la base d’un dépassement de l’horaire journalier de référence de 7h48 ».

Cette lecture de l’administration aboutit à une prise de position unilatérale, excluant de fait toute concertation avec les intéressés.

Et oui chers encadrants, en lien avec le protocole qui limite les heures supplémentaires aux nécessités de service, ce crédit d’heure se voit réduit à une « possibilité » que l’administration se garde bien de mettre en perspective avec nos fiches de poste.

Le verbiage à l’épreuve de la réalité

Un survol des fiches de poste en ligne actuellement, telles que celles des attachés, attachés principaux, ingénieurs, se révèle tout à fait intéressant : dans les qualités requises, la « disponibilité » est bien souvent en bonne place (parfois même, au cas où l’impétrant n’aurait pas bien compris, placée en première position, assortie du qualificatif « grande »), suivie de près par la réactivité, la polyvalence, l’adaptabilité, le dynamisme, voire la capacité à travailler dans l’urgence.

Et n’ayons pas peur de le dire puisque beaucoup d’entre nous l’ont vécu :

Dans certains services, il est mal vu de terminer sa journée aux alentours de 17h30 (même si on l’a commencée à 9h00 en ne s’accordant qu’une pause méridienne de ¾ d’heure). A l’inverse, il est bien vu de déjeuner sur le pouce, et non pas au croque, parce que cela prend trop de temps.

Quant aux petits nouveaux, il arrive qu’on leur demande de ne pas prendre leurs JRTT la première année, alors qu’ils sont générés par nécessité de service. Ce serait mal vu.

En revanche, il est parfois bien vu d’accepter de retourner à son poste de travail le soir après avoir badgé à 19h30 ou 20h00 pour bien montrer qu’on arrive à assurer plus sans faire chauffer Chronogestor.

C’est cela être un cadre sexy chrono.

Une porte ouverte vers une dégradation des conditions de travail

Cette contradiction entre ce que l’on attend des cadres supérieurs et ce qui leur est proposé en contrepartie incite à s’interroger sur ce qui nous attend à l’avenir, au regard de l’effet « peau de chagrin » des dispositions actuelles : suppression du jour dit de fête des mères, absence de remboursement de frais de repas lors de formations en dehors de la résidence administrative, proposition de badgeage moyenâgeux au forfait, donc passage aux oubliettes des 8 jours de récupération, niveau des primes loin d’être à la hauteur des sujétions, fermetures de services imposées …

Dans ce contexte, il est permis de s’interroger sur le vrai sens des mesures prises en faveur du droit à la déconnexion. Y aurait-il un sens caché qui nous aurait échappé ?