Publié le 3 mars 2015
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Réforme des CASPE : que du flou !

« Quand on voit, on n'imagine plus » a écrit fort justement Jean Giono. Oubliant cette pertinente réflexion, la Mairie de Paris s'est lancée dans une restructuration de ses Circonscriptions des affaires scolaires et de la petite enfance qui provoque les plus grandes inquiétudes chez les personnels concernés, faute de visibilité. Ou, pire encore, par la multiplication de trompe-l'œil (les groupes de travail) alors que le projet est ficelé depuis l'origine. En bref, une nouvelle illustration de tout ce qu'il ne faut pas faire en matière de restructuration des services.

La majorité des arrondissements parisiens connaît actuellement le régime des Circonscriptions des affaires scolaires et de la petite enfance, structures déconcentrées de la Direction des affaires scolaires (DASCO) et de la Direction de la famille et de la petite enfance (DFPE) – à l'exception des 1er, 2e, 3e, 4e, 11e, 12e, 16e et 17e arrondissements où n'existent aujourd'hui que des Circonscriptions des affaires scolaires de la DASCO, la gestion des crèches y étant toujours assurée par les services centraux de la DFPE.

Chaque CASPE comprend 5 sections (Équipement, Logistique et approvisionnements, Ressources humaines, Action éducative et Petite Enfance) dont la majorité est dirigée par un cadre A. S'y ajoute un chef de projet pour l'aménagement des rythmes scolaires (ARE), qui est généralement un agent contractuel cadre supérieur.

La DASCO a tenté subrepticement une première réforme dans le courant du mois de novembre 2014, sans aucune information des personnels concernés, en tentant de fusionner les sections “Equipement” et “Logistique et approvisionnements” et de supprimer ainsi un poste de cadre A dans chacune des CAS et CASPE. Après une intervention de notre syndicat auprès de l'adjoint à la Maire chargé des ressources humaines, l'administration a rétropédalé... mais pour repartir aussitôt dans une réforme encore plus profonde des services déconcentrés concernés !

>  Lire notre article : DASCO déconcentrée, rien ne va plus !

En ce mardi 3 mars, le Syndicat UNSA des attachés des administrations parisiennes n'est pas en mesure de vous présenter la nouvelle organisation des CASPE telle qu'elle est déjà retenue, mais peut affirmer que la réforme qui va toucher ces services est une réforme de grande ampleur. En l'état actuel de nos informations, il semble que les futures CASPE seraient organisées autour de deux pôles : “moyens” et “support”. Le premier regrouperait l'actuelle section “Action Educative”, les chargés de coordination (devant superviser les agents de service affectés dans les écoles) et les coordinatrices de crèches (qui ont autorité sur les directrices de crèches). Le second serait composé des actuelles sections “Approvisionnement”, “Bâtiments” et “Ressources humaines”. La section “Petite Enfance” disparaîtrait. Le ou la chef de CASPE serait assisté(e) de deux adjoints : l'actuel responsable de la section “Petite Enfance” et le chef de projet ARE.

Dans cette structure complexe, chaque agent conserverait (dans un premier temps) son champ de compétences DASCO ou DFPE à l'intérieur des sections du deuxième pôle. Le fait que l'un des adjoints du chef de CASPE relève de la DASCO (le chef de projet ARE) et l'autre de la DFPE (l'ancien responsable de la section “Petite Enfance”) permettrait au moins sur le papier d'établir un équilibre entre la DASCO et la DFPE, cette dernière direction ayant toujours estimé que les CASPE étaient surtout pilotées par la DASCO.

Des suppressions de postes en vue pour les A et les B

Le problème – majeur – est que les personnels concernés ne sont ni associés ni vraiment informés de cette restructuration importante qui, selon nos informations, va entraîner des suppressions de postes en catégorie A et B. Est-il besoin d'ajouter que les représentants des personnels aux Comités techniques ne disposent d'aucune information officielle sur ces questions et seront informés de la réforme une fois celle-ci entièrement ficelée, selon les méthodes ancestrales de la Mairie de Paris ?

Car c'est bien là, une nouvelle fois, que réside le problème. Les réformes menées par l'administration parisienne (à juste titre, parfois) se font toujours en dehors des personnels concernés et de leurs élus syndicaux. Il existe bien des groupes de travail dans la restructuration actuelle des CASPE mais, d'après tous les échos que nous avons recueillis, ils ne jouent qu'un rôle de décor pour une réforme déjà entièrement construite en amont par les Directions concernées et dont le timing (très serré) ne permet en aucun cas d'intégrer les contre-propositions (si justes soient-elles) qui pourraient être formulées.

Le résultat, comme d'habitude, est une très forte inquiétude des personnels dont certains soupçonnent déjà que leur poste va être supprimé dans le nouvel organigramme ! D'où un sentiment de démobilisation qui se généralise et le constat que les efforts souvent très importants accomplis pour faire fonctionner le service sont bien mal récompensés.

Une partie importante de la pédagogie se fonde sur la répétition. Le Syndicat UNSA des attachés des administrations parisiennes répète donc aux dirigeants de l'administration que ce n'est pas en créant des groupes de travail alibis ou en recevant individuellement les agents pour leur présenter une réforme déjà entièrement bouclée (comme ce fut le cas pour d'autres restructurations) que l'on peut parler de concertation. Comme l'avait très bien dit Anne Hidalgo devant les syndicats quelques jours après son élection (il y a donc maintenant près d'un an) la réussite de la restructuration d'un service (qui est toujours et dans tous les cas une opération délicate) repose pour l'essentiel sur l'implication des personnels concernés, ce qui nécessite un temps suffisant pour l'écoute et une information largement diffusée en amont en toute transparence.

Qu'attendent les hauts fonctionnaires de la Ville pour mettre en œuvre les sages propos de la Maire ?

Photo  :  © Jean Lemoine – Flickr (sous contrat Creative Commons)