Publié le 3 février 2011
L’Université des Cadres, nouveau gadget ? - PDF

L’Université des Cadres, nouveau gadget ?

Le CTP de la DRH, qui se réunira le 10 février, a inscrit notamment à son ordre du jour la « mise en place d'une structure dédiée à l'université des cadres ». Cette université est présentée comme un « centre de ressources, [ une ] structure d'échanges, d'ouverture, d'accompagnement et de formation pour les cadres, dont la direction serait confiée à un directeur de projet ». Le Syndicat UNSA des attachés des administrations parisiennes maintient ses réserves sur ce projet, réserves qu'il avait émis en avril dernier.

La création de l'Université des cadres, présentée (de façon assez convenue) comme une « structure fédératrice qui devrait permettre de conduire une véritable politique à destination et en faveur de l'encadrement » entraînerait une modification de l'organigramme de la Direction des ressources humaines.

Une administration de mission chargée de conduire le projet d'Université des cadres de la collectivité parisienne serait en effet rattachée au DRH et au DRH adjoint. Cette administration comprendrait « la Directrice de projet, un administrateur de la Ville de Paris (F/H), un conseiller socio-éducatif (F/H) et un secrétaire administratif (F/H) ».

L'actuelle Mission “Parcours professionnel des cadres” serait intégrée dans cette administration de mission. Elle comprend aujourd'hui deux coaches certifiés, un chargé de mission et un secrétaire administratif.

Selon le document remis aux représentants des personnels qui vont siéger au CTP du 10 février, l'administration de mission concernée aurait pour rôle :

« - de monter et structurer le projet d'Université des cadres (détermination des locaux, définition des objectifs opérationnels de l'Université, identification des partenariats nécessaires)

- d'identifier les cadres concernés par ce projet

- de structurer les travaux confiés à des cadres dans le cadre de ce projet

- de coordonner des séances de formation et d'échanges de pratiques

- de développer, avec l'ensemble des directions, une appropriation du projet et une connaissance partagée de ses programmes afin de garantir le succès de l'Université et son efficacité »

Comme le Syndicat UNSA des attachés des administrations parisiennes l'écrivait dans sa newsletter du 16 avril 2010, on peut se demander si ce projet d'administration de mission n'est pas en définitive un nouveau gadget s'inscrivant plus dans une logique d'effet d'annonce et de marketing politique que dans le cadre d'une réflexion approfondie sur les demandes réelles des cadres.

Aucune des questions que nous posions à la mi-avril n'a reçu de réponse, dix mois plus tard :

- pourquoi ce projet porte-t-il le nom d'Université, qui fait immédiatement penser aux Universités d'été des partis politiques et non à un organe de coordination d'actions diverses (déjà entreprises pour la plupart) ?

- pourquoi ne liste-t-il aucun but concret à atteindre et pourquoi est-il accompagné d'un vocabulaire abstrait, compliqué, et souvent prétentieux ?

- pourquoi raccroche-t-il des services qui fonctionnent bien (le coaching) au vieux serpent de mer du parcours professionnel individuel des cadres, qu'aucun des Maires de Paris qui se sont succédés depuis bientôt 34 ans n'a été capable de mettre en œuvre ?

- les archives de la DRH concernant les différents essais de mise en place d'un parcours professionnel des cadres ont-elles été consultées, ou l'administration découvre-t-elle de nouveau l'Amérique, comme elle a si souvent l'habitude de le faire ?

Les cadres de la Ville de Paris (et notamment les attachés d'administrations parisiennes, qui constituent le corps de catégorie A le plus important au niveau des effectifs) demandent une véritable Direction des ressources humaines, qui les contacterait spontanément à chaque étape importante de leur carrière afin (entre autres) de faire avec chacun d'eux un bilan professionnel et de les conseiller pour le futur. Une DRH digne d'une grande collectivité, qui aurait les moyens d'assurer un suivi personnalisé de chacun de ses cadres. Pas d'un nouveau projet clinquant (et, bien sûr, innovant) dont on peut se demander quelles traces il aura laissées dans cinq ans.

Photo : © Eurok - Creative Commons