Publié le 17 septembre 2019
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L’Hôtel-Dieu se relooke

L’Hôtel Dieu, ce site historique qui fait face à Notre-Dame, au cœur de l'Ile de la Cité, est bien plus qu'un hôpital; c'est le plus vieux de Paris, un symbole, un objet de passion. Sans doute est-ce la raison pour laquelle trouver un nouvel avenir à ces 60.000 mètres carrés longeant la Seine, bijou architectural certes mais dans un site à bout de souffle, a été un défi de haut vol.

En 2013, le projet de l'AP-HP annonçant la disparition des urgences, avait provoqué une levée de boucliers des syndicats et des élus, qui coûtera son poste à la directrice générale, Mireille Faugère. En 2016, un nouveau projet sera finalisé par son successeur, Martin Hirsch. L'AP-HP a compris qu'il est difficile de toucher à l'icône. Un projet hybride voit le jour, coupant le bâtiment historique en deux, et mêlant une fonction hospitalière, qui conserve un service d'urgences « léger », beaucoup de parisiens pensent qu’il n’existe plus, et des activités rentables qui permettront à l'AP-HP de tirer des recettes.

Coté Seine, le projet médical, réduit, s'étend sur 35.000 mètres carrés et se recentre sur l'ambulatoire et la recherche, avec des spécialisations dans les maladies chroniques, la psychiatrie, le sport. Coté parvis Notre-Dame, 20.000 mètres carrés sont confiés à un privé chargé de valoriser les murs sur ce lieu hyper stratégique, qui draine 14 millions de visiteurs par an attirés par la cathédrale.

L'AP-HP reste propriétaire du site. Le cahier des charges est strict: pas d'hôtel de luxe, pas de logement, une dimension médico-sociale et une ouverture aux riverains chère à la Ville de Paris. Deux figures imposées: une résidence étudiante et une crèche. Pour le reste, aux promoteurs de laisser libre cours à leur imagination.

C'est Novaxia, qui au terme d'une consultation pour un bail à construction de 80 ans, lancé fin 2017, remporte le marché en mai 2019, aux termes d'un concours acharné. Pas de fioriture, pas d'innovation architecturale qui se verrait de l'extérieur. Les interventions sur le bâti seront discrètes. Deux cours seront couvertes avec une verrière.

L'élément phare du programme est un incubateur de 10.000 mètres carrés géré par l'américain BioLabs, dont c'est la première implantation en Europe, et qui accueillera une centaine de start-up tournées vers les biotechnologies et l'intelligence artificielle ainsi qu'une antenne de l'Inria (Institut National de Recherche dédié aux sciences du numérique). S'y agrégeront une salle de conférences, une résidence étudiante, une maison du handicap et des patients, une crèche, un espace restauration de 3.500 mètres carrés où, selon un proche du dossier, on ne trouvera ni Starbucks ni Mc Do (les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent) et 1.500 mètres carrés de commerces.

Pour mener à bien ce projet, le Plan local d'urbanisme (PLU) devra être modifié par la Ville de Paris. L’objectif de l’AP-HP était de choisir le projet de valorisation qui s'imbrique le mieux avec la partie hospitalière afin d’éviter le sort de l'Hôtel-Dieu de Lyon ou de Marseille, transformés en hôtel cinq étoiles.

L'incendie de la cathédrale Notre-Dame survenue le 15 avril 2019 a aussi des répercussions sur l'Hôtel-Dieu, situé juste en face. Après la haute teneur en plomb révélée par l'Agence régionale de santé (ARS) aux alentours. La loi votée en juillet sur la restauration de Notre Dame, doit encore préciser l'aménagement des parties environnantes (square, parvis).

En outre, comme Martin Hirsch l'avait proposé, les reliques ou en tout cas une partie muséale devraient être présentées de façon temporaire dans les murs de l'Hôtel-Dieu pour les pèlerins et les touristes. Une cathédrale éphémère en bois imaginée par l’architecte Anne Demians sera installée le temps des travaux du bâtiment religieux.