Publié le 1 septembre 2020
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La machine à coudre a le vent en poupe

Portée par la tendance forte du DIY (« do it your self » ou « faites le vous-même ») la machine à coudre ou MAC (rien à voir avec l’ordinateur à la pomme) pour les initiés fait son grand retour depuis le début du confinement.

C'est la peur de la Covid qui est à l'origine de cette envolée. La difficulté à trouver des masques au début de la pandémie a poussé nombre de Français à se lancer dans la couture mais ce phénomène s’observe sur toute la planète et devrait s’installer dans la durée.

Les vendeurs professionnels n’avaient pas prévu un tel essor, et avec l’envolé de la demande les prix ont suivi la même trajectoire. Même surprise du côté du fabricant Singer, l'inventeur de la machine à coudre « moderne » en 1851. C'est un Français, Barthélémy Thimonnier, qui l'avait mis au point en 1830, le premier métier à coudre en bois.

Si la production vient en majorité du Vietnam et de Chine, le secteur se partage entre une dizaine de marques, américaines, japonaises, suisses, avec Singer, Pfaff, Brother, Husqvarna, Elna, Janome, ou Bernina. Le marché en France est estimé à quelque 100 millions d'euros pour 222.000 machines.

Selon d'un sondage réalisé par Mondial Tissus , le leader de la mercerie, auprès de ses nouveaux clients 80 % d'entre eux étaient débutants et venaient pour faire en priorité des masques, puis des coussins, et des sacs. Et 15 % étaient spécifiquement venus acheter une machine à coudre, contre 1 % à 2 % en temps normal ». Le panier moyen s'est élevé à 150 euros. Chez Singer, les trois quarts des volumes ont porté sur des modèles entre 100 à 300 euros. Des appareils destinés à la grande distribution et à Internet.

Si l'effet coronavirus a été un déclencheur, car le masque est devenu un produit essentiel, il y a une tendance depuis une dizaine d'années au « faites-le vous-même » en partie portée par la jeune génération, avec la volonté de personnaliser ses vêtements, et de s'inscrire dans une démarche durable.

C'est à partir de 1968 que la machine à coudre est tombée en désuétude, après les mouvements d'émancipation des femmes, et l'avènement du prêt-à-porter. Elle devient « ringarde » dans les années quatre-vingt-dix. Et repart de l'avant, grâce à des prix plus accessibles en 2005, avec l'éclosion des loisirs créatifs. D'un seul coup, en 2014, l'émission « Cousu Main » sur M6 animée par Cristina Córdula fait décoller les ventes de 20 %. Un peu à la façon des émissions de cuisine qui ont remis les Français aux fourneaux.

Gageons que le phénomène va durer car d’un public plutôt âgé la demande est devenue beaucoup plus hétéroclite. Coudre est à la mode, il y a beaucoup de tutoriels sur les réseaux sociaux, et un buzz lié aux influenceuses qui proposent des patrons en ligne.

Surfant sur la vague de nombreuses enseignes proposent des cours et des ateliers afin que les personnes apprennent à coudre avant de décider d’investir. De belles endormies au fond des placards (souvent de mère, belle-mère ou même grand-mère) ont repris du service. Quelques gouttes d’huile et c’est reparti…