Publié le 26 mars 2019
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« Free floating » la Ville de Paris va taper aux portefeuilles Il y a quelques mois Anne Hidalgo et son équipe ont applaudi l’essor de moyens transports non polluants: les vélos et les trottinettes électriques en location libre. Les «free floating » (pour employer un terme tendance) ou «flotte libre» ont rapidement agacé les parisiens en raison de leur multiplication anarchique et de leur abandon en pleine voie. Des trottinettes qui zigzaguent entre les voitures ou les bus, envahissent les trottoirs, des passants exaspérés qui les renversent, des accidents…

Entre les terrasses des restaurants et cafés qui débordent largement le périmètre autorisé et les trottinettes et les vélos stationnés la circulation des personnes à mobilités réduites des personnes âgées ou des familles avec des enfants ou des poussettes est parfois quasiment impossible.

Afin de sévir la municipalité a décidé que les opérateurs devront prochainement s’acquitter d’une redevance et se déclarer officiellement auprès de la municipalité. Cette mesure, qui sera soumise au vote du conseil de Paris en avril, est présentée comme un «instrument de régulation » pour ces services en plein boom mais qui encombrent les rues et les trottoirs.

Le montant de la redevance sera établi en fonction du type d’engins et de la taille de la flotte exploitée. Concrètement, l’exploitant d’un parc de moins de 500 trottinettes devra s’acquitter de 50 euros par an et par appareil. Pour les scooters en libre-service, la facture annuelle s’élève de 60 euros par deux-roues électriques et 120 euros pour les thermiques. Les vélos sont les moins taxés, 20 euros par an et par bicyclette. Afin de freiner l’essor de gros opérateurs, une majoration de 10% est prévue pour les flottes jusqu’à 999 engins puis 20% jusqu’à 2999 et 30% à partir de 3000.

A noter que les voitures électriques partagées ne sont pas concernées, elles payent depuis juillet 2018 un droit de stationnement annuel de 300 euros. Les Vélib’ ne sont pas non plus concernés.

Le nombre de deux roues en flotte libre est, actuellement, estimé à 15 000. Il pourrait atteindre 40 000 à l’automne. Afin d’endiguer ce phénomène la redevance a deux objectifs, imposer aux opérateurs de décrocher une autorisation et dissuader les nombreux opérateurs en Europe et dans le monde de venir tester impunément le marché parisien.

La décision de la municipalité ne semble pas être une politique hostile au «free floating» puisque les revenus générés doivent permettre de créer 2.500 emplacements de parking spécialement dédiés à ces engins au détriment des places payantes destinées aux véhicules des particuliers.

L'annonce n'a pas surpris les différents acteurs du secteur, déjà confrontés à de telles mesures dans d'autres villes. Certains cependant trouvent le montant élevé et craignent que les plus grosses entreprises puissent plus facilement "tuer" la concurrence en cassant les prix pour les remonter une fois la situation de monopole assurée.

Y aura-t-il un impact sur la facture pour le consommateur? Il est encore trop tôt pour le dire mais il semblerait que plusieurs opérateurs s’attendaient à l’instauration d’une redevance à Paris et l’avait inclus dans leur équation économique.

En conclusion rappelons que même s’il n’est pas nécessaire d’être titulaire du permis de conduire pour utiliser une trottinette électrique pouvant atteindre les 25 kms/h les dommages causés aux biens ou aux personnes par les utilisateurs ne sont souvent pas couverts par leur assurance de responsabilité civile (contrairement aux vélos à assistance électrique).