Publié le 8 octobre 2019
Fessenheim : Alea jacta est - PDF

Fessenheim : Alea jacta est

C’est décidé, gravé dans le marbre, la centrale nucléaire de Fessenheim fermera en 2020. Le premier réacteur sera mis à l’arrêt au mois de février et le second au mois de juin.

Elle est la première centrale nucléaire française en exploitation commerciale (depuis 1978), implantée en bordure du Grand Canal d'Alsace sur le territoire de la commune de Fessenheim (Haut-Rhin). Sa construction, décidée à la fin des années 1960 par les présidents Charles de Gaulle puis Georges Pompidou, repose sur la technologie des réacteurs à eau pressurisée de l'entreprise américaine Westinghouse Electric. La centrale est équipée de deux réacteurs d'une puissance installée de 900 MWe chacun. Fessenheim produit 1,5 % de l'électricité française et la moitié de la production alsacienne.

L'arrêt définitif de la centrale de Fessenheim est promis pour 2016 par François Hollande lors de sa campagne présidentielle de 2012, mais la ministre de l'écologie Ségolène Royal conditionne la fermeture de Fessenheim à la mise en service du réacteur pressurisé européen (EPR) de la centrale nucléaire de Flamanville.

En novembre 2018, Emmanuel Macron annonce le report de la fermeture à l'été 2020. En 2019, la fermeture de Fessenheim est confirmée pour 2020, malgré les retards de l'EPR de Flamanville.

Après d'intenses discussions ces dernières années, EDF et l'Etat (actionnaire à 83,7 % du groupe) ont finalement trouvé un accord. EDF sera indemnisé par l'Etat à hauteur de 400 M€ pour la fermeture anticipé. Un supplément en cas de manque à gagner pourra être versé afin de tenir compte des bénéfices que le groupe aurait engrangés jusqu’à la fin de vie théorique de la centrale prévue en 2041.

L’emploi, direct ou indirect, induit par le site est évalué à environ 2 000 postes. L’accompagnement à la reconversion des salariés et des prestataires a démarré depuis un an.

EDF envisage d’implanter sur le site un techno centre spécialisé dans le traitement des déchets métalliques faiblement radioactifs.

Afin de ne pas courir des risques de rupture d'approvisionnement sur le réseau électrique, notamment en hiver RTE, la filiale d'EDF en charge d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande a multiplier les interconnexions avec les pays voisins, à commencer par l'Allemagne, afin d'assurer la fourniture d'électricité dans toute la région Grand-Est.

Seul point noir, la Bretagne qui est une péninsule électrique c'est-à-dire que sa consommation d'électricité est supérieure à sa production, avec un maillage du réseau moins dense que dans les autres régions françaises. Selon EDF, tant que l'EPR de Flamanville ne sera pas mis en service (ce qui, dans le meilleur des cas, n'est pas prévu avant 2022), ce problème subsistera quelques heures par an, au plus fort de l'hiver.