Publié le 2 avril 2019
30 ans/130 ans deux monuments parisiens emblématiques fêtent leur anniversaire - PDF

30 ans/130 ans deux monuments parisiens emblématiques fêtent leur anniversaire Le 29 mars la pyramide du Louvre a fêté ses trente ans. Pour la petite histoire elle fut inaugurée deux fois, le 4 mars 1988 alors que les travaux n’étaient pas terminés puis le 29 mars 1989.

Petit retour historique sur sa construction

Le 24 septembre 1981, le président de la République François Mitterrand annonce lors d'une conférence de presse son intention d'installer le musée du Louvre dans la totalité du palais, une partie étant alors occupée par le ministère des Finances. Sans recourir à la procédure du concours d'architecture ou de l'appel d'offre, le Président de la République choisit l'architecte Ieoh Ming Pei qui accepte la commande en juin 1983 et propose un plan qui envisage d'utiliser la cour Napoléon comme nouvelle entrée centrale qui donnerait accès non seulement aux salles existantes, mais aussi aux espaces libérés de l'aile Richelieu.

Cette idée d’édification d’une pyramide n’est pas nouvelle puisqu’elle avait été envisagée pour les célébrations du centenaire de la Révolution française.

Le projet fut contesté non seulement par des milieux conservateurs, mais aussi par une partie de la droite qui porta l'affaire sur le terrain politique, la presse surnommant à cette occasion François Mitterrand « Mitteramsès » ou « Tontonkhamon ». Il fut accusé d'avoir voulu faire la promotion de la franc-maçonnerie par cette pyramide.

La pyramide comporte 673 panneaux de verre, nombre suffisamment proche de 666 pour nourrir les interprétations ésotériques. Une légende urbaine veut que ce nombre de 666 panneaux de verre fut choisi à la demande expresse du président, 666 étant selon l'Apocalypse, le «Chiffre de la Bête». Cette polémique a repris en 2003 lors de la parution du roman de Dan Brown : Da Vinci Code (chapitre 4).

En 1986 la droite gagne les élections et le nouveau ministre des Finances, Édouard Balladur, exige l'arrêt du transfert et sa réinstallation dans l'aile Richelieu. Bercy trop proche de la banlieue n’est sans doute pas assez prestigieux…En 1988 avec le retour de la gauche au pouvoir le projet reprend.

Ce projet est l'occasion de mener une campagne de fouilles préventives qui permettent de mieux comprendre l'histoire du secteur. Dans la cour carrée, la base du donjon et de deux des quatre murailles du château du Louvre avaient simplement été arasées lors de la destruction du château en vue de la construction du palais du Louvre. Elles sont ainsi redécouvertes, dégagées et rendues accessibles aux visiteurs. Ces fouilles mettent à jour les restes d'objet de la vie quotidienne dans un château. Est aussi découvert le casque de parade de Charles VI (1368 - 1422) dont l'existence a été recoupée avec des documents d'époque.

La cour Napoléon était occupée par des rues (dont la rue Saint-Nicaise lieu de l’attentat du 3 nivôse an IX (24 décembre 1800) contre le Premier Consul futur Empereur Napoléon 1er) et des habitations de particuliers qui font l'objet de fouilles. L'atelier de Bernard Palissy, abandonné dans l'urgence par l'artiste après le Massacre de la Saint-Barthélemy, est redécouvert.

Des vestiges de l'enceinte de Charles V sont également retrouvés. Les murs de l'enceinte de Paris au Carrousel du Louvre sont conservés au sein du Carrousel du Louvre.

Installé sur un domaine de plus de 40 hectares en plein cœur de Paris, sur la rive droite de la Seine, ces travaux, qui permettent de libérer 60 000 m2 pour les collections permanentes, font du Louvre le troisième plus grand musée du monde, après le Metropolitan Museum of Art de New York et le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Le 31 mars la Tour Eiffel a fêté ses cent trente ans

Petit retour historique sur sa construction

Contestée par certains à l'origine, la tour Eiffel fut d'abord, à l'occasion de l'exposition universelle de 1889, la vitrine du savoir-faire technique français. Sa taille exceptionnelle et sa silhouette immédiatement reconnaissable en ont fait un emblème de Paris.

Imaginée par Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau des études et chef du bureau des méthodes d'Eiffel & Cie, la tour est conçue pour être le «clou de l'Exposition de 1889 se tenant à Paris.». Gustave Eiffel voit cette esquisse, dit ne pas s’y intéresser, mais concède toutefois à ses concepteurs l’autorisation de poursuivre l’étude.

Stephen Sauvestre, architecte en chef des entreprises Eiffel, est sollicité et redessine complètement le projet pour lui donner une autre envergure: il rajoute de lourds pieds en maçonnerie et consolide la tour jusqu’au premier étage par le truchement d’arcs, réduit le nombre de plates-formes, surplombe la tour d’une coiffe la faisant ressembler à un phare.

Cette nouvelle mouture du projet séduit Gustave Eiffel. Il dépose, en son nom et ceux de Koechlin et Nouguier, un brevet «pour une disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d’une hauteur pouvant dépasser 300 mètres». Il rachètera les droits de Koechlin et Nouguier, pour détenir les droits exclusifs sur la future tour, qui, par voie de conséquence, portera son nom.

Gustave Eiffel n'a donc pas conçu le monument, mais s'est appliqué à faire connaître son projet auprès des gouvernants, des décideurs et du grand public, pour pouvoir construire la tour, puis, une fois que cela fut fait, à en faire, aux yeux de tous, plus qu’un simple défi architectural et technique ou encore un objet purement esthétique (ou inesthétique selon certains). Il imagine, dès l'origine, qu'elle puisse rendre des services à la science finance personnellement quelques expériences menées directement sur ou depuis la tour Eiffel, qui auront permis de la pérenniser.

En octobre 1898, Eugène Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne entre la tour Eiffel et le Panthéon, distant de 4 kilomètres.

En 1903, Gustave Eiffel soutient, à ses frais, le projet du capitaine Gustave Ferrié, qui cherche à établir un réseau télégraphique sans fil, sans le financement de l’Armée qui privilégie à cette époque les signaux optiques et les pigeons voyageurs, jugés plus fiables.

La tour étant, à l’époque, le point le plus élevé de la région parisienne, son émetteur de TSF aura été stratégique pendant la Première Guerre mondiale. Grâce à la tour Eiffel, plusieurs messages décisifs sont captés dont le «radiogramme de la victoire», permettant de déjouer l’attaque allemande sur la Marne, et ceux conduisant à l'arrestation de Mata Hari.