Publié le 1 octobre 2019
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Station d’épuration Seine Aval : rien n’est réglé….

Première station d'épuration d'Europe et deuxième mondiale après celle de Chicago, le site d'Achères (dans les Yvelines au nord de Maisons-Laffitte) géré par le SIAAP (syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne créé en 1970) est un colosse aux pieds d’argile. La station reçoit un million de mètres cubes par jour d'eaux usées et rejette quotidiennement dans la Seine les eaux traitées.

Deux mois après l’incendie (le mercredi 3 juillet 2019) qui a ravagé  l’unité de "clarifloculation" des eaux usées (procédé d'élimination des particules en suspension) la situation reste préoccupante. Le bâtiment a été gravement et durablement endommagé, le feu ayant détruit la totalité des cuves de chlorure ferrique utilisées dans le processus.

La cause exacte de l'incendie n'est pas encore identifiée, mais trois pistes se dégagent: un problème au niveau des moteurs électriques des systèmes de ventilation, un problème au niveau d'un éclairage halogène provisoire, ou un problème au niveau d'un chemin de câble à proximité des cuves. Cette unité a été construite dans les années 1990 avec des standards de sécurité qui ne sont pas ceux d'aujourd'hui. Une situation qui n'est guère faite pour rassurer les élus locaux, d'autant que trois autres incidents sérieux se sont déclarés en 2018: un incendie à l'usine de production de boues en février 2018, une réaction chimique entre des produits qui a créé un impressionnant nuage de fumée orange fin mars 2018, enfin un autre départ de feu dans l'unité de traitement des boues suite à des travaux.

L’usine a perdu une partie de sa capacité de traitement. Celle-ci est passée de 3,7 millions de m 3 par jour, avant l'incendie, à 2,9 aujourd'hui. Pour y faire face, le SIAAP a réorienté sa production vers Valenton (Val-de-Marne), Colombes (Hauts-de-Seine) et Triel-sur-Seine (Yvelines).

Le syndicat réfléchit aussi à une solution qui permettait de redonner à la station d’épuration Seine Aval sa capacité de traitement précédente: l'injection de chlorure ferrique dans des bassins inutilisés de décantation à l'air libre.

Ce dispositif pourrait répondre aux trois ans d'attente pour la reconstruction du site incendié.

Le SIAPP prévoit un nettoyage et un diagnostic d'ici fin 2019, une passation de marché en 2020 et deux ans de travaux sur 2021-2022. Le coût de cette reconstruction à l'identique avoisinerait 80 à 100 M€.

Les maires des communes riveraines, dont les habitants sont particulièrement inquiets, montent au créneau, dénonçant ce que certains appellent une triple peine. La première est historique, au XIXe siècle, 350 hectares ont été déboisés afin de créer les terres d'épandages. La deuxième, ce sont les conséquences de l'épandage, avec tous les métaux lourds situés dans la plaine. La troisième c'est, en cas d’incident ou d’accident, les rejets toxiques dans la Seine.

Une autre innovation pourrait aussi résulter de cet incendie sur l'information des riverains. Dans l'hypothèse d'une catastrophe de plus haute intensité que celle du mois de juillet (forte chaleur, dégagement de gaz toxique), les habitants des six communes proches, concernées par un Plan particulier d'intervention (PPI), prochainement adopté, pourraient entendre des sirènes. Dans ce cas-là, c'est la préfecture qui les déclencherait automatiquement, voire le SIAAP pour une situation exceptionnelle

Rappelons que la Station d’épuration Seine Aval est un site sensible classé Seveso «seuil haut» en raison de risques toxiques tout comme l’usine Lubrizol de Rouen.

Bien sûr les autorités et le SIAPP promet une «transparence » totale concernant les résultats de l’enquête et les conséquences sur le milieu naturel et la population…Comme à Rouen…