Publié le 4 février 2020
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Peut-être que le Chablis ne sera plus en Bourgogne ?

La colère gronde en Bourgogne. L'Institut national des appellations d'origine contrôlée (Inao) envisage de sortir de l'aire d'appellation 64 communes de la région, ce qui reviendrait à leur interdire purement et simplement le droit de produire sous l'AOC Bourgogne.

Parmi les exclues, 30 communes se situent en Côte-d'Or, 12 en Saône-et-Loire (Mâconnais), 22 dans l'Yonne - dont 16 dans le chablis. Seule la commune chablaisienne de Préhy est épargnée. Les 64 communes ainsi exclues représentent une surface de 7.000 hectares, dont 5.500 sont plantés. A l'inverse, de nombreuses communes du Beaujolais situées dans le Rhône pourraient produire sous AOC Bourgogne.

Le projet d'exclusion de certaines communes est né à l'occasion de la finalisation de la délimitation de l'aire d'appellation laissée en plan pendant… 63 ans. Contrairement aux autres vignobles, comme le Bordelais ou la Champagne, la Bourgogne n'a jamais achevé ce travail commencé en 1937. « Si le cœur historique de la Bourgogne bénéficie de délimitations terminées, celles-ci n'ont en revanche jamais été réalisées pour les appellations bourguignonnes dans le Beaujolais et le Chablisien », explique le Syndicat des Bourgognes et la Confédération des appellations des vignerons de Bourgogne (CAVB).

Les producteurs d'AOC Bourgogne ont relancé le chantier en 2000 sous la houlette de l'Inao, qui, estiment-ils, « craint plus de voir ses décisions attaquées juridiquement qu'elle ne vise à défendre les appellations ». Ils déplorent que l'Inao ne réponde pas à la question fondamentale de la définition d'un bourgogne : quels sont les critères de choix ?

Économiquement cette révision de l'aire d'appellation est une catastrophe. Le prix du foncier est trois fois supérieur en Bourgogne à ce qu'il est dans le Beaujolais. Le prix du fermage de bourgogne rouge est quatre fois supérieur en Bourgogne. Les cours du bourgogne rouge sont de 374 euros l'hectolitre, le beaujolais rouge de 168 euros. Les crus du Beaujolais se situent, eux, entre 186 et 330 euros l'hectolitre.

L'Inao a reconnu que « jamais une telle divergence n'était apparue entre les travaux des experts requis et les attentes des professionnels ». Sa directrice générale, Marie Guittard, renvoie la décision au 6 février. « Le comité national statuera ce jour-là. Il est complètement souverain en la matière. Il peut ratifier les conclusions des experts, les amender ou les transformer », souligne-t-elle.