Publié le 8 octobre 2019
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Du bas de laine au matelas: un «placement» de 600 milliards d’euros

Qui a dit que le cash n’avait plus d’avenir? S’il disparait des paiements courants (boulangerie, bars, stations-services etc…) il est devenu le saint Graal des épargnants.

Selon la Banque de France la moitié des euros «physiques» ne sont pas dépensées mais thésaurisées par les Européens qui se constituent ainsi une épargne perçue comme sûre dans un contexte économique qui ne l'est pas. C’est environ 600 milliards d’euros sur 1260 en circulation qui dorment dans des coffres, sous les matelas, enterrés dans les jardins et divers autres cachettes.

15% des français disent détenir chez eux de l’argent liquide comme réserve de précaution ou comme moyen d’épargne alors que la moyenne européenne est de 24%. Les Slovaques se distinguent particulièrement dans ce domaine. 40 % d’entre eux gardent des espèces à la maison. Rappelons les propos de Patrick Balkany lors d’une audience au Tribunal: "Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de Français qui déclarent ce qu'il y a sous le matelas".

Les paiements en liquide ne se développent pas pour autant, bien au contraire. Les cartes bancaires ainsi que les nouveaux moyens de règlement sans contact ou via les smartphones séduisent de plus en plus.

Le nombre d'achats n'impliquant pas d'argent liquide a ainsi progressé de plus de 25% dans l'ensemble de l'Europe depuis 2013. Cette année-là, leur total atteignait 99 milliards d'euros. En 2017, le chiffre était de 134 milliards d'euros.

Les champions du paiement numérique sont sans aucun doute les Norvégiens et les Suédois. Dans les deux pays, le nombre de billets en circulation a diminué de 5 % et de 12 % respectivement. Le nombre de paiements avec un smartphone ou une carte bancaire a augmenté presque proportionnellement dans les deux pays au cours de cette période, de 10 % en Suède et 7 % en Norvège. Dans les deux pays, 90 % de toutes les transactions sont maintenant effectuées sans espèces.

De l’autre côté du spectre, on trouve les Italiens. Chez ces derniers, à peine 13 % de toutes les transactions sont réglées par carte bancaire. Un Italien paie en moyenne 100 transactions financières par smartphone ou par carte bancaire chaque année, un Norvégien 600 et un français 360. Pour Rome, c’est un problème, et le gouvernement cherche à modifier cette culture monétaire. Par exemple, il est prévu de taxer au taux de 2 % toutes les sommes supérieures à 1 500 euros que les particuliers retirent à un guichet automatique au cours du même mois. Cela rapporterait au total 3 milliards d’euros par an au trésor public.