Publié le 4 septembre 2012
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La crise se poursuit à l’UMP Paris

La décision de Jean-François Lamour (photo ci-contre) de renoncer à être candidat à sa propre succession à la tête du groupe UMP du Conseil de Paris fait de nouveau apparaître la crise profonde que connaît la droite parisienne. Cette crise est apparue dès le départ de Jacques Chirac de la Mairie de Paris en 1995,  et a été jusqu'à présent marquée par la tentative (manquée) de Jacques Toubon de prendre le contrôle de l'Hôtel de Ville en mars 1998 et la présentation (réussie) d'une liste dissidente menée par Pierre Charon lors des élections sénatoriales de 2011.

La déclaration de Jean-François Lamour publiée par Le Parisien à la fin du mois d'août indiquant que l'actuel président du groupe UMP du Conseil de Paris renonce à être candidat à sa propre succession lors de l'élection du 13 septembre n'est que le dernier épisode d'une crise profonde que connaît la droite parisienne depuis plus de 17 ans, crise interne qui lui a fait perdre la Maire de Paris en 2001.

« Je consacre plus de temps aujourd'hui à régler les guerres internes qu'à coordonner l'opposition » déclare M. Lamour. « Je passais mon temps à essuyer les coups bas. Cela ne m'intéresse pas de continuer à travailler sous cette forme-là » ajoute-t-il, résumant parfaitement la situation que la principale formation de la droite parisienne connaît depuis le départ de Jacques Chirac de l'Hôtel de Ville au printemps 1995.

À ce moment en effet, l'opposition (fatale pour la droite) entre Jacques Toubon et Jean Tiberi se fait jour. « Chirac – déclare Jean Tiberi à L'Express en avril 1998 – dont nous savions qu'il serait bientôt élu à l'Élysée, a expliqué que l'un d'entre nous  pourrait entrer au gouvernement tandis que l'autre resterait à la mairie. Il m'a donné la parole en premier, pour que je choisisse. J'ai indiqué mon souhait de lui succéder à l'Hôtel de Ville. Toubon n'a pas insisté. Il est devenu ministre de la Justice. Mais il ne m'a jamais pardonné de ne pas lui avoir laissé la place ».

Le 6 mars 1998, alors que Jean Tiberi se retrouve empêtré dans des affaires de népotisme et le scandale des faux électeurs du 5e arrondissement, Jacques Toubon crée un nouveau groupe politique au Conseil de Paris qui regroupe immédiatement un tiers des élus RPR-UDF (dont Bernard Pons et Claude Goasguen). Son but est de forcer Jean Tiberi à démissionner au motif que le maintien en fonctions d'un Maire de Paris jugé discrédité va entraîner la victoire de la gauche dans la Capitale en 2001. Mais Jacques Toubon n'est pas soutenu par l'Elysée et sa tentative échoue.

À l'issue du second tour des élections municipales du 18 mars 2001, Bertrand Delanoë est élu Maire de Paris du fait que la gauche a obtenu le plus grand nombre de Conseillers de Paris, mais la droite reste encore majoritaire dans la Capitale au niveau des suffrages exprimés (50,37 % contre 49,63 % à la gauche, ces 50,37 % se répartissant à  raison de : 32,32 % pour la liste menée par Philippe Seguin – 15,20 % pour la liste menée par Jean Tiberi – le reste pour les divers droite).

Paris, ville sociologiquement de droite, va alors s'orienter vers la gauche à l'occasion de chaque scrutin (élections municipales de 2008, élections présidentielles et législatives de 2012). À l'occasion de ce dernier vote, où la gauche remporte 60 % des suffrages exprimés dans la Capitale, Bertrand Delanoë peut ainsi légitimement déclarer : « C'est un magnifique score qui confirme la progression étape par étape de la gauche à Paris au cours des quinze dernières années ».

Entretemps, les querelles n'ont pas cessé au sein de l'UMP. La présentation d'une liste dissidente menée par Pierre Charon aux élections sénatoriales de 2011 en sera une nouvelle manifestation, la liste officielle présentée par l'UMP Paris n'obtenant au final que deux sièges de sénateur.

De nouveau déchirée par le combat que mène au niveau national Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence de l'UMP, la principale formation de la droite parisienne devrait élire son nouveau président le 13 septembre. Pierre Charon demande déjà la report de cette élection et ajoute : « S'ils refusent ce report ou si ce n'est pas l'un de nos amis qui prend la tête du groupe, on se quittera et nous créerons un nouveau groupe ».

Pour l'heure, Jean-François Legaret, Catherine Dumas et Laurence Douvin sont candidats à la présidence du groupe. Tous sont favorables à François Fillon.

Lire sur le site UNSA Attachés Paris :

> Les législatives 2012 à Paris   (19 juin 2012) > Hollande l'emporte (aussi) à Paris   (8 mai 2012) > 2014 : la bataille de Paris a commencé   (15 novembre 2011) > Sénatoriales : la Bérézina de l'UMP Paris   (27 septembre 2011)

Photo  :  © UMP Photos (sous contrat Creative Commons)