Publié le 15 novembre 2011
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2014 : la bataille de Paris a commencé

Violente bataille à droite entre Rachida Dati et François Fillon, appétits aiguisés à gauche avec l'arrivée sur scène, en plus d'Anne Hidalgo, de Jean-Marie Le Guen et de Cécile Duflot : la guerre pour succéder à Bertrand Delanoë à  la Mairie de Paris au printemps 2014 est déjà déclarée, avec, comme premier affrontement, les élections législatives des 10 et 17 juin 2012. Mouvements de troupes, coups bas, déclarations assassines : les divers épisodes de cette saga démocratique promettent d'être épicés. Avec, pour le moment, les parachutés qui tiennent le premier rôle.

« Elle cause plus, elle flingue ». C'est (peut-être) ce que se dit aujourd'hui François Fillon en pensant à Rachida Dati et en se remémorant un film de Michel Audiard sorti dans les salles de cinéma au moment de sa lointaine jeunesse (1972). L'ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy n'y a en effet pas été de main morte  à la fin du mois d'octobre en accusant l'actuel Premier Ministre (parmi bien d'autres choses) d'être le parachuté de service pour les prochaines législatives à Paris et d'avoir fait recruter le fils Tibéri au ministère des Finances sur le poste prestigieux de contrôleur général économique et financier, en échange de la circonscription tenue aujourd'hui par Jean Tibéri (circonscription qui serait réservée à François Fillon lors des prochaines élections législatives).

Copé, casque bleu

« On se demande si Mme Dati est encore dans la majorité » a soupiré alors Philippe Goujon, patron de la Fédération UMP de Paris. En ajoutant : « Même l'opposition n'a pas des propos aussi excessifs ». Depuis, et malgré le rôle de “casque bleu” que Jean-François Copé, le Secrétaire général de l'UMP au plan national, a essayé de jouer dans le violent conflit qui oppose Rachida Dati et François Fillon, les choses ne se sont pas arrangées. La maire du 7e arrondissement a ainsi retiré début novembre leurs délégations à Martine Namy-Cauffier, sa première adjointe, et à Annick Leroy, chargée des affaires sociales et des anciens combattants, toutes deux accusées (ainsi que quatre autres élus de droite au sein du conseil d'arrondissement) d'avoir apporté leur soutien à François Fillon pour l'investiture de l'UMP dans la circonscription que convoite également Rachida Dati. Les intéressées ont répliqué en s'abstenant de voter le budget présenté par la maire lors du conseil d'arrondissement. « Tout ce que nous avons fait l'a été en accord avec les instances de notre parti. Pourquoi n'aurions-nous pas le droit de parler, alors que Rachida Dati se permet tout ? On se tait depuis deux ans et demi, ça suffit ! » a déclaré Annick Leroy.

Duflot, une menace pour le PS

À gauche, les choses semblaient se présenter de façon plus calme, avec une Première adjointe, Anne Hidalgo, officieusement intronisée par Bertrand Delanoë pour lui succéder en tant que Maire de Paris en 2014 dans le cas où la gauche remporterait les élections municipales dans la Capitale. Mais c'était sans compter sur Jean-Marie Le Guen, qui a apporté son soutien à François Hollande lors de la primaire socialiste, alors que Bertrand Delanoë appuyait la candidature de Martine Aubry et que Anne Hidalgo en était la porte-parole officielle. Le député du 13e arrondissement ne cache pas en effet ses vues sur Paris et a lancé le Club du Grand Paris des Citoyens pour préparer son programme pour les prochaines élections municipales. Sans compter non plus - et surtout -  sur Cécile Duflot, Secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts (EELV), qui viserait dans un premier temps la 6e circonscription (à cheval sur les 11e et 12e arrondissements) actuellement détenue par la socialiste Danièle Hoffman-Rispal, puis, dans un deuxième temps, sans doute, le fauteuil de Maire de Paris. La liste EELV n'a-t-elle pas recueilli 20,6 % des suffrages dans la Capitale lors des élections régionales de 2010 alors que la liste PS obtenait 26,3 % des voix ? Cécile Duflot représente bien une menace pour le PS à Paris. Sans compter, enfin, sur Christophe Girard, l'actuel adjoint au Maire de Paris chargé de la culture, qui reste discret sur ses intentions, mais a fondé (à tout hasard ?) son club baptisé “Réel”. Là aussi, le mot “parachutage” est lâché, en ce qui concerne Cécile Duflot. « Elle disait qu'elle voulait faire de la politique autrement. En réalité, elle voulait en faire ailleurs » s'exclame Ian Brossat, président du groupe communiste au Conseil de Paris. La culture politique qu'incarne la gauche « n'est pas favorable à certains parachutages » déclare le 14 novembre Bertrand Delanoë, interrogé sur une éventuelle candidature de la responsable d'EELV à Paris pour les prochaines élections législatives.  « Nous, on ne choisit pas les candidats socialistes, eux n'ont pas à choisir les candidats écolos » répond Stéphane Sitbon, porte-parole de Cécile Duflot. « Vous nous voyez dire : “ Dans telle circonscription, on ne veut pas de ce mec, super cumulard, pronucléaire” ? ».

Pour la Mairie de Paris, la présidentielle de 2012 pourrait cependant changer profondément la donne. Si François Hollande est élu Président de la République, des maroquins pourraient en effet être proposés dans la foulée à Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo et Jean-Marie Le Guen, ce qui transformerait subitement les choses au sein de l'actuel Éxécutif. Si...

Photo  :  © Audrey AK  –  Creative Commons