Publié le 3 juillet 2012
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L’immigration à la Ville de Paris

Sous un titre sobre – “Égalité professionnelle et perception des discriminations, enquête auprès d'agents de la Ville de Paris” – l'Institut national d'études démographiques (INED) vient de publier une étude intéressante sur les discriminations que connaissent les agents de la Mairie de Paris d'origine immigrée (y compris les natifs d'un DOM). Les femmes, les jeunes (35 ans et moins) et les personnes originaires de l'Outre-Mer et de l'Afrique sont les plus exposés. « La lutte contre les discriminations est un enjeu important pour la Ville de Paris » estime l'INED.

Les principaux points qui ressortent de l'enquête de l'INED publiée en juin 2012 et réalisée à partir de 4.732 questionnaires remplis et recueillis il y a deux ans, entre le 3 et le 9 juillet 2010, sont les suivants :

> Les immigrés et leurs descendants sont très nettement sous-représentés dans l'administration parisienne si l'on compare leur pourcentage à celui de la population francilienne âgée de 18 à 50 ans : ils ne représentent en effet que 9,8 % des effectifs totaux de l'administration de la Ville de Paris contre 16,9 % de la population d'Île-de-France ;

> On note chez les immigrés et leurs descendants travaillant dans l'administration parisienne une présence significative d'agents peu diplômés « puisque 47,8 % des enquêtés n'ont pas le niveau bac » (p.6) ;

> Dans ce registre, l'étude révèle que « le niveau de diplôme s'élève nettement avec les recrutements des 10 dernières années. On observe une forte distinction du niveau de diplôme selon le sexe : 23 % des hommes sont diplômés du supérieur, pour 38 % des femmes » (pp. 6 - 7) ;

> La catégorie C a un poids prépondérant dans la population étudiée  (69,4 %) ;

> Les immigrés et leurs descendants sont mieux représentés en catégorie A dans l'administration parisienne (12,8 %) que dans l'ensemble de la Fonction publique territoriale (8,4 % en 2010-2011) ;

> Les descendants d'immigrés n'ont pas intégré la collectivité parisienne comme non-titulaires plus souvent que les autres agents ;

> L'origine des agents aurait « une influence négative sur les chances de succès à un concours ou à un examen professionnel, ce qui pourrait provenir de la nature des épreuves, du profil des candidats par rapport aux concours qu'ils présentent, de la nature des diplômes dont ils sont détenteurs, de l'influence des stéréotypes sur les décisions de membres de jury » (p. 11) ;

> « C'est dans l'accès à la formation que les pratiques discriminatoires sont perçues comme les moins fréquentes, par opposition à celles qui se produiraient à l'entrée ou au cours de la carrière » (p.12) ;

> Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le recrutement par concours n'est pas ressenti « comme protecteur contre le biais du jugement » en particulier « pour les descendants d'immigrés d'Afrique et de l'Outre-Mer » (p. 12) ;

> « L'expérience d'attitudes hostiles affecte un peu plus du quart des répondants, avec peu de variations selon le sexe et l'âge. Les originaires de l'Outre-Mer, leurs descendants et les descendants d'immigrés africains sont les plus exposés : plus de 40 % déclarent avoir fait l'expérience d'insultes »(p. 14).

On note que l'étude de l'Institut national d'études démographiques inclue les personnes originaires d'un DOM parmi les immigrés. En effet, note l'Institut, « la migration est envisagée comme une expérience » et « les natifs d'un DOM ont également effectué une migration qui, bien que s'inscrivant dans l'espace national, comporte de nombreuses situations comparables à celles rencontrées par les immigrés » (p. 5).

En conclusion, écrit l'INED, « ces résultats signalent que la lutte contre les discriminations est un enjeu important pour la Ville de Paris et qu'il faut impérativement analyser les process de gestion de l'emploi et des carrières pour réduire les facteurs de risque de discrimination ».