Publié le 3 juin 2011
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« Les décisions de la RGPP sont trop rapides »

« Les guerres ne se gagnent pas avec les généraux mais se perdent avec l'intendance ». Jean-Paul Delevoye, ancien Médiateur de la République, n'y a pas été par quatre chemins le 1er juin devant la mission sénatoriale sur les conséquences de la RGPP pour pointer du doigt les effets négatifs de cette réforme de l'État. Son analyse rejoint d'ailleurs en grande partie celle de l'UNSA lorsqu'il affirme (avec raison) : « La nécessité de la maîtrise des dépenses publiques a fait perdre la notion du collectif au profit de notions comptables ».

Au cœur des critiques de l'ancien Médiateur de la République se trouve  « l'approche trop souvent budgétaire » de la RGPP qui, faute d'une réflexion sur « les objectifs, les perspectives et l'appropriation par les agents », a manqué sa cible. Si Jean-Paul Delevoye ne met pas en cause l'objectif de maîtrise des dépenses publiques qui sous-tend la RGPP, il regrette le manque de réflexion en amont sur le périmètre des missions de service public à assumer avec toujours moins de moyens.

Autre critique émise par l'ancien ministre de la Fonction publique et de la réforme de l'État : l'absence de préparation des agents de la Fonction publique aux différentes réformes issues de la RGPP. « La RGPP est nécessaire, comme l'adaptation des moyens, mais à condition de prendre le temps de l'appropriation et de la conduite du projet » a ainsi déclaré Jean-Paul Delevoye devant la mission sénatoriale. « La pression sur le budget est forte, mais la pression sur le dialogue social est faible. D'où des fonctionnaires qui ne comprennent pas le sens de la RGPP », du fait notamment « de décisions trop rapides » a-t-il ajouté. Tout en défendant fermement la RGPP, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait également estimé devant la commission sénatoriale que le Gouvernement aurait dû expliquer davantage la démarche aux agents, « afin que ceux-ci se l'approprient et en deviennent les porte-paroles ».

Enfin, Jean-Paul Delevoye (qui avait également l'aménagement du territoire dans son portefeuille ministériel entre 2002 et 2004) déplore un double fardeau supporté par les échelons locaux.  Tout d'abord une réorganisation administrative de l'État où l'échelon central « abreuve l'administration locale de différentes directives » dans une réforme qui n'est pas « homogène » entre les deux échelons. Ensuite, l'incapacité des différents acteurs publics à avoir « une réflexion au niveau régional pour réorienter l'offre globale de services publics sur le territoire et non l'offre service par service ».

En pointant du doigt ce problème de gouvernance, l'ancien Médiateur de la République égratigne également la réforme territoriale qu'il juge « déconnectée de l'organisation administrative des territoires » et incapable de se poser la seule question qui vaille selon lui pour les acteurs locaux : « Sur notre territoire, quelle est la meilleure organisation possible des services publics ? ».

> Lire la notice biographique de Wikipédia sur Jean-Paul Delevoye.

Photo : © Alaine Lorza  –  Creative Commons