Sénatoriales : la crise s’aggrave à l’UMP Paris
Exclusion temporaire, pressions sur les dissidents, liste voulant concurrencer la liste officielle conduite par la ministre des sports Chantal Jouanno (photo ci-contre) : l'UMP Paris semble au bord de l'implosion. En déposant le 6 septembre une liste dissidente pour les élections sénatoriales du 25 septembre, Pierre Charon, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, s'est vu exclure temporairement de l'UMP par Jean-François Copé. Plusieurs membres connus de la droite parisienne qui ont rejoint sa liste (dont Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement, et François Lebel, maire du 8e arrondissement, sont également sous la menace d'une sanction de la part de l'UMP.
Règlements de comptes à OK Corral ? À deux semaines des élections sénatoriales du 25 septembre, la fédération UMP de Paris commence à ressembler sérieusement à un champ de bataille. La liste dissidente « doit rester secrète le plus longtemps possible » déclare Jean-Pierre Lecoq, mandataire de Pierre Charon pour la campagne électorale. « Nous ne la publierons que le 16 septembre, après la clôture du dépôt de listes, pour éviter d'ici-là la multiplication des coups de pression sur ceux qui ont fait comme choix de soutenir Pierre Charon » ajoute l'actuel maire du 6e arrondissement.
De fait, Philippe Goujon, président de la fédération UMP de Paris, et Alain Marleix, secrétaire national aux élections, ont multiplié les appels téléphoniques aux élus parisiens pour les faire rentrer dans le rang, en leur faisant miroiter des promesses de mandats à venir ou en brandissant des menaces de défaut d'investitures pour les futures élections. Parfois, le but est atteint. Ainsi, Brigitte Kuster, maire UMP du 17e arrondissement et conseillère régionale, a longtemps affiché son soutien à Pierre Charon, jusqu'au jour (récent) où l'Elysée l'a convoquée pour lui faire comprendre que son intérêt était ailleurs.
Mais un certain nombre d'irréductibles demeurent dans le camp des frondeurs, tels Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement, François Lebel, maire du 8e arrondissement (depuis 1983), Pierre-Yves Bournazel (conseiller de Paris, conseiller régional, ancien conseiller en communication de Rachida Dati au ministère de la Justice) ou Géraldine Poirault-Gauvin, conseillère de Paris. « Philippe Goujon, c'est Kim Jong-il et la fédération UMP de Paris, c'est la Corée du Nord ! » s'exclame Pierre-Yves Bournazel. « Elle préfère prendre le risque de perdre un sénateur plutôt que de reconsidérer sa liste. Politiquement, c'est de l'hystérie ! ».
C'est ce risque qui inquiète Chantal Jouanno. « On sait très bien que dans la désunion on perd des voix. C'est arithmétique malheureusement » a-t-elle ainsi déclaré dernièrement au micro de RFI. Analyse que ne partage pas Yves Pozzo di Borgo, sénateur Nouveau Centre de Paris, pour qui la liste Charon va permettre de conserver à droite les voix des conseillers centristes qui n'apporteront jamais leur soutien à la liste Jouanno. Mais, quoi qu'il en soit, la liste dissidente de Pierre Charon menace, selon Philippe Goujon, l'élection de Daniel-Georges Courtois, un proche de François Fillon, situé en quatrième position sur la liste Jouanno.
D'autres dissidences au sein de l'UMP ont également lieu, en dehors de Paris, à l'occasion des élections sénatoriales. Elles sont conduites dans les Hauts-de-Seine par Jacques Gautier et Hughes Sirven-Viénot et, dans l'Orne, par Christophe de Balorre.