« Nous aurions dû davantage expliquer la démarche aux fonctionnaires afin que ceux-ci se l'approprient et en deviennent les porte-parole » a déclaré le ministre de l'Intérieur le 25 mai aux membres de la mission des sénateurs sur les conséquences de la RGPP pour les collectivités et les services publics locaux. Selon Claude Guéant, les mesures de la RGPP ont toujours été précédées d'une « analyse en profondeur et des évolutions possibles de l'administration ». Le ministre a salué au passage « l'investissement dont les agents de l'État font preuve ».
Claude Guéant a assumé sa casquette d'ancien Secrétaire général de l'Élysée en estimant que la RGPP était « nécessaire pour dynamiser les services publics » et maîtriser les dépenses publiques. « Le service de la dette se monte actuellement à 45 milliards d'euros – a-t-il précisé – soit deux fois le budget du ministère de l'Intérieur ».
Concernant ce ministère, Claude Guéant a déclaré que les sous-préfectures vont être maintenues, sauf dans les cas très particuliers où un consensus local aboutirait à une suppression de la sous-préfecture et à son remplacement par une Maison des services publics (comme à Boulogne-Billancourt). Les sous-préfectures doivent « réinventer leurs fonctions » (puisque le contrôle de la légalité et le conseil aux collectivités ont migré vers les préfectures et qu'elles se sont vues retirées la délivrance de titres). « Les sous-préfectures pourraient être le relais des politiques prioritaires de l'État » a estimé Claude Guéant.
La réorganisation générale des services déconcentrés de l'État qui donne un rôle prépondérant au niveau régional est quant à elle pleinement assumée par le ministre de l'Intérieur, alors que plusieurs sénateurs la mettent en cause. « Le niveau régional est un élément de cohérence et d'orientation, pour lesquels les préfets de régions disposent des moyens nécessaires » estime ainsi Claude Guéant.
Pour autant, le caractère interministériel de leurs compétences n'incite pas le locataire de la place Beauvau à souhaiter le passage des préfets de région sous l'autorité de Matignon plutôt que de l'Intérieur, comme le suggère le rapporteur de la mission sénatoriale Dominique de Legge (UMP). « Il vaut mieux que les hauts cadres de l'État soient gérés de façon personnalisée plutôt qu'anonyme, plutôt par un ministre que par une administration » a insisté Claude Guéant.
Concernant l'ingénierie publique pour les petites collectivités, le ministre de l'Intérieur a assuré qu'elle continuerait à être prévue « pour les petites communes ». Il a cependant posé la question du seuil d'accès et de la nature de la mission d'assistance apportée par l'État : « À quelle taille démarre une petite commune ? Et est-ce bien à l'État de fournir les moyens de l'ingéniérie publique ? ».
« Les élus sont souvent troublés, gênés, par la réorganisation d'un service public. Mais c'est souvent la condition de sa pérennité, voire de son amélioration » a également déclaré Claude Guéant devant la mission sénatoriale. La RGPP, a estimé le ministre de l'Intérieur, est une « démarche nécessaire » doublée « d'une préoccupation, celle des finances publiques ». Des difficultés existent, a jugé Claude Guéant : « Ce n'est pas facile parce que beaucoup d'agents des sous-préfectures sont des agents d'exécution, habitués à fabriquer des titres par exemple. On ne s'improvise pas, quand on a fait des cartes grises une bonne partie de sa vie, conseiller utile en matière d'emploi ou de politique de formation en alternance »...