Doit-on inviter Zoé Shepard à la Mairie de Paris ? Oui, sans doute, afin de lui montrer que le sous-titre de son célèbre pamphlet publié il y a deux ans – “Le paradoxe du fonctionnaire ou comment faire 35 heures en un mois” – ne concerne en aucune manière les attachés d'administrations parisiennes. Car, comme notre questionnaire sur leurs conditions de travail (auquel 62 % d'entre eux ont répondu) le montre, les attachés parisiens sont vraiment absolument débordés, à tel point que leur santé, leur vie personnelle et leur formation professionnelle s'en trouvent compromises.
Nous avons depuis le début du mois de janvier analysé sur le présent site Internet chacun des six points composant notre enquête sur les conditions de travail des attachés d'administrations parisiennes.
En conclusion, nous pouvons aujourd'hui résumer de façon précise le ressenti de nos collègues face à ces conditions de travail.
Un seul point positif ressort de notre enquête : une très nette majorité d'attachés (64 %) sont satisfaits des conditions matérielles dans lesquelles ils exercent leurs fonctions (49 % les jugent « plutôt bonnes » et 15 % « excellentes »). À cela s'ajoute le fait que 92 % des attachés d'administrations parisiennes — proportion tout à fait considérable – déclarent pouvoir s'appuyer sur leurs collaborateurs.
Un point noir ressort tout aussi nettement de notre rapport d'analyse et de synthèse du questionnaire : 2 % seulement des attachés d'administrations parisiennes peuvent respecter la durée hebdomadaire légale de travail (35 h) alors que 84 % d'entre eux sont obligés d'effectuer un temps de travail hebdomadaire supérieur à 39 h (52 % entre 39 h et 45 h, 25 % entre 45 h et 50 h, 7 % plus de 50 h). Cette charge de travail anormalement lourde provoque trois effets, tous graves : - la santé de nos collègues est affectée (pour 42 % d'entre eux, chiffre très important) - leur vie personnelle est perturbée (pour 55 % des attachés) - le temps manque pour réfléchir à l'acquisition de nouvelles compétences et se former en conséquence (ce qui est particulièrement inquiétant pour des cadres A).
Trois causes expliquent pour l'essentiel ce temps de travail très lourd : - les réunions tardives, et pas toujours utiles, qui débutent en fin d'après-midi (après 17 h) ; - les postes de subordonnés non pourvus (les attachés sont obligés de faire le travail correspondant) ; - certaines urgences mal maîtrisées qui perturbent les tâches essentielles à effectuer.
Pour le reste, c'est un tableau finalement bien gris que notre rapport de synthèse permet de dessiner :
> les postes d'attachés se sont dévalorisés au cours des dernières années (46 % des attachés d'administrations parisiennes le pensent).
> la reconnaissance n'est pas au rendez-vous : si la hiérarchie est « parfois » à l'écoute des attachés (pour 56 % d'entre eux), le sentiment d'être reconnu « dépend des moments et des personnes ». Le travail fait à la place des subordonnés n'est pratiquement jamais mis en valeur.
> la mobilité interne s'avère difficile, dans la mesure où (estime une majorité d'attachés) les recruteurs ont leur propre réseau, qui laisse de côté les attachés d'administrations parisiennes.
Eh oui ! Le blues des attachés constitue bien une réalité...
Pour lire l'intégralité de notre rapport d'analyse et de synthèse, cliquez ici.
Pour relire l'analyse des différents points abordés dans notre questionnaire, cliquez sur les liens correspondant :