Publié le 4 juin 2019
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Eole, avis de vent contraire: la Seine bétonnée et la région voit rouge

Le 19 mars, lors d’une promenade de routine, un garde-pêche a repéré un écoulement de laitance de béton (un mélange liquide d'eau, de ciment et de fines particules qui tend à remonter à la surface du béton) provenant d'une centrale à béton, propriété de Vinci Construction, servant à alimenter le chantier Eole d'extension du RER E vers l'ouest parisien.

Le déversement, qui durerait depuis 18 mois, est loin d’être accidentel puisque le point de sortie des eaux sales "était bien caché" et facilité par "une ouverture dans le grillage".

Le 24 avril dernier, visé par une plainte déposée par l'Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) pour "abandon de déchet, rejet en eau douce de substance nuisible au poisson et destruction de frayère", Vinci reconnaissait avoir déversé ces liquides sur les berges de Seine à Nanterre et promettait avoir "mis en œuvre les mesures nécessaires pour stopper cet écoulement qu’il a qualifié d’exceptionnel (18 mois on peut ne pas avoir la même perception du caractère exceptionnel…).

«Après enquête interne, si des responsabilités individuelles venaient à être établies, des sanctions seront prises », a promis le géant du BTP. Sans langue de bois, des lampistes vont payer les pots cassés.

Selon la présidente de l'AAPPMA92, les eaux, chargées de résidus de béton, rejetées dans la Seine ont cimenté tout un pan de berge, la transformant en un désert aquatique.

Le 22 mai 2019, sans attendre les résultats de l'enquête devant déterminer les responsabilités, la région a adopté en commission permanente un amendement pour suspendre ses subventions au chantier, "tant que le groupe Vinci et son sous-traitant n'auront pas apporté la preuve de la remise en état des berges de Seine et de leur écosystème".

Quelles seront les conséquences de cette suspension sur l’avancée du chantier, et par ricochet sur les usagers, nul ne peut le dire pour l’instant. On peut se douter que comme d’habitude un compromis sera trouvé sur le dos de la biodiversité…