Publié le 15 janvier 2019
Age de raison? L’Euro a vingt ans - PDF

Age de raison? L’Euro a vingt ans Projet sans précédent historique, le 1er janvier 2019 l’euro a fêté ses 20 ans.

Prévu par le traité de Maastricht l’euro est lancé le 1er janvier 1999. La veille, le 31 décembre 2018, les taux de conversion définitifs sont dévoilés en grande pompe à Bruxelles: il faudra 1,95583 deutschemarks allemand, 6,55957 francs français ou encore 1.936,27 lires italiennes pour un euro.

L'euro devient la monnaie officielle dans onze des quinze pays de l'Union: Finlande, Allemagne, France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Autriche, Portugal et Irlande (291 millions d'habitants).

À cette période il peut être utilisé pour des opérations bancaires dématérialisées, ainsi que pour des paiements par chèque, chèque de voyage ou carte bancaire.

Le 1er janvier 2002, selon la formule du président de la Commission européenne Romano Prodi il devient "un petit bout d'Europe entre nos mains"

Près de 15 milliards de billets et plus de 50 milliards de pièces sont introduits, chamboulant la vie quotidienne de 304 millions d'Européens. Le temps de s'y habituer, beaucoup vérifieront calculette en main des conversions plus ou moins aisées.

Les billets, affichant ponts et fenêtres, représentant les différents styles architecturaux ayant existé au cours de l’histoire de l’Europe, ne comportent plus aucun symbole national, contrairement aux pièces qui arborent par exemple la semeuse pour la France ou Mozart pour l'Autriche, ou le souverain pour l’Espagne, Monaco ou le Vatican.

S'ouvre une période de double circulation, avec un retrait progressif des devises nationales jusqu'au 1er mars 2002.

En 2016, la BCE décide d'arrêter fin 2018 la production de billets de 500 euros, surnommés "Ben Laden", car accusés de faire le jeu des trafiquants: un million d'euros en coupures de 500 euros ne pesant que 2,2 kg. En outre une plaisanterie facile court dans les banques : «  le 500 €, c’est comme Ben Laden, tout le monde en parle, mais personne ne le voit jamais ».

La Suède, le Danemark et la Grande-Bretagne (ce qui facilitera peut être le Brexit) n’ont pas rejoint l’euro contrairement à la Grèce en 2001, la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie en 2009, l’Estonie en 2011, la Lettonie en 2014 et la Lituanie en 2015.

Outre les 19 pays membres de la zone euro, quatre micro-États (Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican) sont également autorisés à utiliser la monnaie unique et certains pays européens, non membres de l’Union Européenne, comme le Monténégro ou le Kosovo, l'utilisent de facto.

L'euro, qui a débuté avec un cours de 1,1789 dollar a vu son cours fluctué au cours des années avec le 27 octobre 1999 son plus bas historique à 0,8230 dollar et le 15 juillet 2008 son taux le plus haut à 1,6038 dollar. Rappelons qu’à cette époque la monnaie américaine était plombée par la crise des « subprime ». Son cours actuel est d’environ 1,15 dollar.

A partir de 2010 l’Union Européenne est confronté à la crise de la dette obligeant la zone euro et le FMI a volé au secours de plusieurs pays. En juillet 2012, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, déclare que l'institution est "prête à faire tout ce qui sera nécessaire pour préserver l'euro". Afin de rassurer les marchés la BCE rachète pour plusieurs milliards d'euros d'obligations européennes.

Afin d’anticiper les prochaines crises les membres de la zone euro ont mis en place un mécanisme de sauvetage financé par les banques elle mêmes pour éviter au maximum le recours à l’argent public comme ce fut le cas en 2008. La dernière pierre à l’édifice, la garantie européenne des dépôts, bute sur le refus des pays du nord de mutualiser les risques tant que dans le sud les banques n’ont pas nettoyé leur bilan.

Les courants de pensée existants au moment de la création de l’euro sont toujours là ; Au Nord, la conviction que la zone euro n’a besoin pour s’épanouir que du respect des règles communes et de réformes, nationales, de compétitivité. Au Sud, la certitude que la zone monétaire est menacée d’éclatement si elle ne prévoit pas davantage de solidarité et de transferts financiers.

En outre, l’Union Européenne n’aura de véritable autonomie stratégique qu’avec une devise forte. Alors que nous sommes le premier importateur d’énergie au monde avec en moyenne annuelle plus de 300 milliards d’euros d’importations, les transactions dans ce secteur sont très majoritairement réglées en monnaie américaine. Sur les marchés obligataires, l’euro pèse 20% des émissions alors que le dollar compte pour 70%. Selon plusieurs économistes le billet vert (qui n’est plus convertible en or depuis 1971) a retrouvé une domination jamais vu depuis le début des accords de Bretton Woods en 1944.