Publié le 13 septembre 2016
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Grave carence managériale : un directeur de la culture licencié

Le Conseil d’État reconnait l’insuffisance professionnelle comme motif de licenciement alors même que les compétences techniques de l’agent public ne sont pas contestées. M. A. a été recruté en janvier 2011 par la communauté urbaine de Strasbourg en tant qu’agent contractuel pour occuper les fonctions de directeur de la culture. Très rapidement, plusieurs collaborateurs se sont plaint de ses méthodes de management, qualifiées de brutales, voire humiliantes, ce qui a conduit la collectivité à engager une enquête en interne.

Un licenciement justifié et légal

Le rapport d’enquête, basé sur l’audition d’agents de statuts et de positionnements hiérarchiques très divers, a versé au dossier des témoignages circonstanciés et concordants faisant état du comportement inapproprié de M. A. : propos vexatoires et sexistes, provocation, intimidation. Telle cette tirade lancée à une collaboratrice : « vous avez trouvé le truc, on vous demande de faire quelque chose, et comme vous n’avez pas envie de le faire, vous faites un gamin ». L’employeur, sans remettre en cause l’expertise de M. A. en matière d’action culturelle, relève que ses carences managériales ne lui permettent pas d’assurer la mission confiée, notamment la réorganisation et la rationalisation du service. C’est ainsi que la collectivité a procédé au licenciement de M. A. pour insuffisance professionnelle, précisant qu’il avait lui-même créé au sein du service qu’il dirigeait un climat nuisant à son bon fonctionnement. M. A. a dès lors saisi le tribunal administratif, a perdu en première instance et a gagné en appel. Le Conseil d’État, dans sa décision du 20 mai 2016, reconnait la légalité de ce licenciement.

La manière de servir ne se limite pas aux compétences

Dans ses conclusions, le rapporteur public souligne que l’insuffisance professionnelle peut être qualifiée alors même que les connaissances professionnelles de l’intéressé ne sont pas remises en cause. Il établit notamment que les méthodes de management de M. A. ont fédéré contre lui de nombreux agents affectés à des postes divers. Le comportement de M. A. a ainsi représenté un frein à l’adhésion d’un grand nombre de collègues au projet de réorganisation alors même que sa fiche de poste précisait qu’il devait montrer son « aptitude à la concertation, à la médiation et au travail en équipe » tout en agissant avec « diplomatie ».

La manière de servir est donc appréciée au sens large, elle dépasse le simple champ des compétences techniques et englobe toutes les relations de travail.