Publié le 3 décembre 2012
Comment transformer une baleine débonnaire en un banc agile de poissons ? - PDF

Comment transformer une baleine débonnaire en un banc agile de poissons ? La 4ème rencontre des cadres de la ville comme si vous y étiez. Le grand amphi historique de la Sorbonne a accueilli jeudi 22 novembre 2012, 700 cadres pour une matinée consacrée à « l’encadrement de proximité ». Toujours très denses et très riches en information, ces colloques semblent néanmoins manquer de spontanéité - trop de pression, trop d’enjeux - sauf lorsqu’il s’agit d’intervenants extérieurs. Le bréviaire des valeurs municipales. En introduction, Mme Bédague-Hamilius Secrétaire générale de la Ville de Paris a récité les quatre valeurs caractéristiques de la collectivité parisienne : la solidarité, l’exigence, l’ouverture et l’innovation. Nul désormais à la Ville ne doit les ignorer, chacun est invité à les partager et à les décliner au sein de son équipe. Les exemples évoqués par la Secrétaire Générale sont éloquents : le plan "grand froid", le nettoyage en journée, l’attention portée aux locaux sociaux, l’ouverture vers la métropole,… « Nous devons porter nos valeurs plus haut et plus fort » mais comme l’a reconnu Mme Bédague-Hamilius « nous avons tous des progrès à faire… ». Chacun en conviendra certainement. Qu’est-il attendu de l’encadrant de proximité ? Deux tables rondes ont décliné les deux rôles principaux du cadre de terrain : celui d'"homme-orchestre" du quotidien et celui de pilote du projet local. Une dizaine de témoignages ont illustré les nombreuses exigences à assumer : complexité des rouages à connaître, arbitrage permanent entre des demandes urgentes et/ou contradictoires, qualités d'écoute et de communication, prise de recul, sérénité et à-propos permanent, un véritable challenge... Combien sont-ils ? Sous forme de SMS ou de quizz, quelques rares moments de détente et d'interactivité ont émaillé cette matinée très studieuse. On a ainsi appris que 5650 personnes à la Ville ont une mission d'encadrant dont 47 % sont des cadres A. Il est à noter que 19 % des encadrants appartiennent aux corps de catégorie C. La réalité fonctionnelle transcende bien les traditionnelles notions statutaires. Conseils pour réussir. "S'autocélébrer", fêter chaque occasion, petite ou grande, remercier et féliciter régulièrement ses collaborateurs, donner un "droit à l'erreur" mais également savoir dire ce qui ne va pas. Tels sont les conseils instinctifs que nous donne M. Veyrat, talentueux chef d'entreprise aguerri par trente ans de pratique en milieu ultra concurrentiel à Bercy, à la tête de Neuf Cegetel ou du groupe Louis Dreyfus. Il nous invite également à prendre régulièrement des résolutions, véritables défis personnels à tenir et à pratiquer une "évaluation à 360°". Cette méthode consistant à faire évaluer les comportements d'une personne par son supérieur hiérarchique, ses collaborateurs, ses subordonnés, ses clients internes ou externes peut permettre de faire un bilan sur les compétences acquises et sur celles à développer. Il insiste également sur les vertus de la mobilité régulière des cadres en incitant à la mise en place d'un "mercato" permanent pour les cadres les plus performants. Voici venu le temps des « organisations agiles ». Connaissez-vous la parabole du banc de poissons ? Aux « trente glorieuses » (1947 à 1974), temps béni de la paresse managériale en raison d’une abondance générale, représenté par les plantureuses baleines, ont succédé les « trente piteuses » (1975 à 2006) où la rareté met progressivement les organisations en tension et les contraint à une plus grande réactivité. Cette souplesse est illustrée par le banc de poissons, porteur d’une intelligence collective et partagée. Les placides baleines peuvent s’échouer alors que les bancs de poissons arrivent toujours à se disperser, à se recomposer  et s’adapter à tout environnement. Comme l’a expliqué de manière assez convaincante Mme Humbertjean de TNS Sofres, l’encadrement est à cet égard de plus en plus sollicité. Il doit susciter l’adhésion des troupes, tout en subissant toujours plus de pression et d’injonctions paradoxales. Que faire pour mener à bien la mission confiée ? Réclamer des marges de manœuvre et conserver une autonomie, mais surtout aller vers plus de simplification et flexibilité à l’image du banc de poissons, ensemble mu par une véritable intelligence collective parce qu’il partage les mêmes valeurs. Un patron serein et exigeant. En concluant cette matinée, le Maire de Paris est apparu tel qu'en lui-même, au sommet de sa forme, extrêmement convaincu et déterminé. Convaincu du bilan positif de ces dix dernières années et du savoir-faire collectif des agents des collectivités parisiennes, et déterminé à exiger plus de ses troupes jusqu'au dernier jour de sa présence à la tête de la municipalité. L'année 2013 devrait être une année véritablement exceptionnelle par l'ampleur des projets livrés : trente crèches, deux écoles, deux bibliothèques, un collège, un conservatoire,... Au-delà des chiffres, M. Delanoë veut aussi faire de 2013 une année de changement et souhaite poursuivre et amplifier les actions de simplification et de recherche d'efficacité, il demande à chacun de se mobiliser en ce sens. "Faisons-nous confiance". Même si les bancs de cette "cathédrale du savoir républicain" qu'est La Sorbonne sont bien inconfortables, les quelques collègues interrogés au cocktail de clôture de cette matinée ont généralement apprécié "cette grand messe municipale". Certains ont même suggéré des thèmes pour les prochaines sessions :  "les phénomènes de génération et le management" (ou comment considérer des pratiques managériales différenciées entre la "génération y", les quadragénaires et les seniors), "la place du coaching dans le management", " le manager et la gestion des conflits". Peut-être l'Université des Cadres, qui impulse ce type de rendez-vous, voudra-t-elle examiner les suggestions de ces poissons issus du banc ?