Publié le 29 mai 2012
Cécile Duflot et le Grand Paris - PDF

Cécile Duflot et le Grand Paris

La DGCL et la DATAR lui ont finalement échappé, mais Cécile Duflot se retrouve avec un portefeuille fourni à la tête du ministère de l'Egalité des territoires et du logement. Outre la rénovation urbaine, le logement et la politique de la Ville, la nouvelle ministre a désormais en charge l'important dossier du Grand Paris. Cette attribution suscite de virulentes critiques de la part de la droite et d'une partie de la gauche qui s'inquiètent de ses prises de position antérieures concernant ce projet en tant que militante écologiste.

Selon les termes du décret n° 2012-770 du 24 mai 2012 publié au Journal Officiel du 25 mai, « le ministère de l'Egalité des territoires et du logement prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière de développement équilibré du territoire. Il assure la cohésion économique et sociale de la région capitale et des autres territoires, à laquelle concourent les grandes infrastructures et les services publics. Il veille à la réduction des inégalités territoriales, notamment en matière de logement. Il est responsable de la politique de lutte contre les inégalités entre quartiers des zones urbaines ». Il « prépare » et met également « en œuvre la politique du Gouvernement dans le domaine de la ville ». Ce ministère « prépare les orientations stratégiques du Gouvernement pour le développement de la région capitale et met en œuvre les projets d'investissement d'intérêt national y concourant ». Il « prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement dans le domaine du logement et de la lutte contre la précarité et l'exclusion, de la construction, de l'urbanisme et de l'aménagement foncier ».

La nouvelle ministre présidera le Comité interministériel d'aménagement du territoire. Elle exercera également la tutelle de l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) et de l'agence nationale pour la cohésion sociale et la lutte contre les discriminations.

Logement. Cécile Duflot a annoncé que des directives allaient être envoyées aux préfets pour une application plus stricte de la loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU). Elle a d'ailleurs déclaré en ce qui concerne ce point que l'objectif du Gouvernement était de « faire passer le seuil des logements sociaux de 20 % à 25 % dans l'ensemble des communes » de plus de 35.000 habitants. La ministre devra agir en concertation avec Nicole Bricq, ministre de l'Ecologie, de l'énergie et du développement durable en ce qui concerne notamment la politique du Gouvernement en matière de qualité du logement et de l'habitat. La Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature est d'ailleurs placée sous l'autorité conjointe des deux ministères. Dans un article publié par Le Monde daté du 29 mai, Hervé Kempf énumère ce qu'il considère être les principaux enjeux du ministère de l'Egalité des territoires et du logement : - lancer un programme de rénovation thermique des habitations « qui fasse des économies d'énergie une vraie culture en même temps qu'un outil de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de création d'emplois » ; - renouveler une politique de construction « pour répondre au besoin essentiel qui est celui d'habitations à coût raisonnable » ; - limiter l'étalement urbain « qui consomme aujourd'hui en France plus de 80.000 hectares par an ».

Grand Paris. L'attribution de ce dossier particulièrement important à Cécile Duflot a provoqué immédiatement de vives réactions à droite. Valérie Pécresse, ancienne ministre et chef de l'opposition au conseil régional d'Île-de-France a ainsi rappelé que le groupe écologiste a « toujours voté contre » le projet du Grand Paris tel que Nicolas Sarkozy l'avait élaboré et craint un « démantèlement programmé » dudit projet. « Ce qui me choque, c'est qu'elle a toujours combattu » le Grand Paris renchérit Rama Yade tandis que le sénateur centriste Yves Pozzo di Borgo s'interroge : « Comment peut-on confier une telle responsabilité à une élue écologiste qui annonçait il y a peu que le Grand Paris ne se ferait pas ? ». À gauche, ces inquiétudes sont partagées par le président du conseil général du Val-de-Marne Christian Favier (PCF) qui déclare dans un communiqué : « Avoir confié ce dossier essentiel pour l'avenir de la Région capitale à une ministre présidente d'un groupe qui ne l'a pas soutenu à la Région n'est pas forcément le meilleur signe donné sur le sujet ». « Mes positions antérieures sont connues » a répliqué la ministre de l'Egalité des territoires et du logement. « J'ai été nommée en connaissance de cause mais je ne suis pas la ministre qui va obéir à Cécile Duflot, je suis celle qui va faire en sorte que le projet soit sur de bons rails » a-t-elle ajouté. En février 2010, lors d'un débat à Rouen, Cécile Duflot avait estimé que le concept du Grand Paris élaboré par Nicolas Sarkozy était « une vision de l'aménagement du territoire datant des années 1970 ». Elle avait aussi affirmé lors de la campagne des élections régionales de 2010 que les décisions sur l'organisation du Grand Paris « devront être validées par référendum » et avait assuré qu'elle se battrait pour que ce soit « les Franciliens qui décident de leur avenir ».