Publié le 5 juillet 2016
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CAP : le roi a dit « nous voulons »

« Quand j’accorde une charge, je fais un ingrat et cent mécontents »  (Louis XIV)

La CAP du 29 juin était placée sous le signe d’un double ordre du jour désormais classique : détachement et intégration puis promotions.  Suivant la technique du clair-obscur (pratique artistique permettant de produire des effets de relief par la reproduction des effets de l'ombre et de la lumière sur les volumes) cette CAP, malgré une présentation qui se veut lumineuse, présentait de grandes zones d’ombre.

Promotions-nominations-recrutements

Une politique d’accueil déstructurée : explications

Le syndicat UNSA attachés s’est depuis longtemps exprimé sur ce sujet ; sans être hostile aux détachements dans notre corps qui peuvent constituer un enrichissement, il convient de donner la priorité aux collègues qui sont en place, d’autant plus que depuis plusieurs années est organisé un mouvement général des attachés dont les statistiques 2016 ne sont pas connues à ce jour.

La Mairie est claire, elle se targue de connaître le corps des attachés mieux que quiconque, et s’autorise à rejouer toujours la même rengaine ; elle considère que l’on ne peut pas comparer les 12 recrutements par concours (6 internes et 6 externes, contre 20 les années précédentes soit 10 et 10) aux 22 à 27 accueils en détachements annuels. Dans le premier cas, il s’agit de jeunes très diplômés mais sans expérience pratique, dans le second cas de recrutement faute de candidats Ville et faute de spécialistes reconnus. Ramenée à 1250 agents, cette proportion est même modeste, par rapport à d’autres corps et fonctions publiques, et de surcroit, précise-t-elle, personne ne s’est jamais plaint. Néanmoins, notre syndicat considère qu’il est tout à fait possible d’offrir davantage de postes à des futurs cadres, brillants quoique débutants, en raison de l’évolution du niveau universitaire des collègues reçus et de la difficulté croissante du concours.

Depuis longtemps, la DRH reconnait que la création de viviers, liés à une étude fine et historique des parcours professionnels doit être réalisée et mise à disposition des recruteurs. Nous constatons que ces viviers, sur le modèle des cabinets conseils en recrutement, constituent la tarte à la crème du sujet, évoqué depuis toujours, jamais vraiment réalisé, non pas par absence de volonté de la DRH, mais faute de moyens suffisants. Dans le tableau récapitulatif de suivi des accueils en détachements (à mettre à jour pour 2016) il est bon effectivement de dissocier recrutements Ville et recrutements des autres administrations parisiennes. Cependant, l’argument qui consiste à dire que les recrutements au profit des autres administrations parisiennes ne s’imputent pas sur les effectifs de la Ville est spécieux. En effet, les collègues accueillis dans notre corps, corps commun, même s’ils sont aujourd’hui en fonction dans des établissements extérieurs, seront peut-être demain en mobilité interne à la Ville.

L’offre des postes offerts à la mobilité, mouvement général ou pas, doit privilégier les candidatures internes. Une nouveauté 2016 : il serait effectivement possible de verrouiller les recrutements en obligeant les directions à restreindre leurs offres dans un premier temps aux seules administrations parisiennes. Or actuellement toutes les candidatures arrivent pratiquement en même temps, ville interne, territoriale, État, contractuels extérieurs, ce qui ne privilégie en rien ceux qui sont en place chez nous pour une mobilité interne. Une quasi-autorisation de recrutement extérieur pourrait être une piste, autorisation demandée à la DRH après une tentative de recrutement sans aucun espoir à la Ville.

D’accord, il faut s’y mettre, il faut surtout que la DRH puisse disposer d’un pouvoir normatif. La réponse « n’a pas le profil » ne suffit plus et n’a jamais convaincu que ceux qui croient toujours ce qu’on leur dit. Il faut sérier dans le temps la publication des offres, et donc des candidatures sur les postes vacants, par phases successives : Ville/autres administrations extérieures/contractuels. Selon la Mairie, le corps des attachés reste en principe un corps généraliste, ce qui va être impossible à maintenir dans les 10 prochaines années. Cette affirmation est sans doute exacte. Cette évolution du corps s’inscrit dans le cadre de la mise à jour de notre décret statutaire ; rappelons que notre corps et celui des administrateurs sont les deux seuls à être régis par décret.

Promotions : un mécanisme qui questionne

Notons que ces remarques valent aussi pour le principalat, puisque depuis la fin de la mandature Delanoë II, on dissocie les promotions de grade effectuées en mars et celles de corps en juin. Nous publions un résumé du parcours du combattant sur notre site dans la rubrique comment devenir attaché. Le verrouillage consiste désormais à mieux assurer les choix par une réunion de cadrage au Secrétariat Général sans véritable possibilité de modification. A la moindre demande insistante de notre part (excepté les cas particuliers), la Mairie nous fait remarquer que le dernier mot lui appartient : la co-gestion est donc un gros mot antisocial. Les questions posées par les collègues sont souvent les suivantes :

Je suis proposé par mon Chef de bureau, par mon sous-directeur,  je suis pris ! Faux : ce qui compte ce sont les noms adressés par les Directions ou Établissements publics à la DRH, rue de Lobau. Il faut s’en assurer, rien ne dit que tous les choix effectués en interne seront validés.

Je suis en rang 2, bien noté et bien vu, si je ne passe pas, cela se fera l’an prochain Faux : il n’y a ni droit de tirage, ni droit acquis au maintien sur une liste dont on gravit les places vers la 1ère. Tous les ans plus de la moitié des proposés de l’année d’avant disparaissent, certains peuvent cependant revenir sur la liste deux ans après, voire plus tard.

Avec un bon dossier, mes mérites sont reconnus, je suis proposé, ma Direction, essentielle à la Ville,  obtiendra une nomination. Faux et vrai : sans droit de tirage, toutes les Directions, mais aussi les Caisses des Écoles, Eau de Paris, le CASVP… ont autant de chances. Certains secteurs sont néanmoins, en raison de leurs missions, plus valorisés que d’autres. Plusieurs nominations peuvent alors être effectuées pour une même Direction.

Les permanents syndicaux sont proposés au même titre que les autres collègues. Vrai : cela résulte de dispositions légales et réglementaires, à caractère national qui ne s’appliquent pas qu’à la Ville. Le problème ensuite consiste dans la gestion des dossiers, car ceux-ci relèvent tous de la DRH (personnels en décharge totale de service et mis à disposition), la Direction du Personnel les paye, les propose, les défend et les promeut, ce qui parait à certains étonnant. Nous faisons naturellement  confiance à ses services pour promouvoir les permanents les plus dévoués à leurs collègues. Le très intéressant rapport d’Hubert Bidault Inspecteur Général et ancien Directeur de l’Administration Générale et DRH fait d’ailleurs l’impasse sur ces sujets faute de temps.

> lire le rapport IG 13-02 p.31 et 32 § situations particulières.