Publié le 1 septembre 2014
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Anne Hidalgo face à l’austérité gouvernementale

La Maire de Paris et son équipe abordent avec inquiétude la rentrée à propos des finances de la Ville. Sont en cause plusieurs actions du gouvernement Valls ayant une incidence directe sur le budget municipal : la réduction des dotations de l'État, la charge de solidarité avec les autres départements franciliens, le sort de la taxe de séjour perçue par la Ville, le financement de la Philharmonie de Paris (salle de concert ultra-moderne située à La Villette et devant être inaugurée en janvier prochain). Et pas question pour Anne Hidalgo de remettre en cause ses projets pour la Capitale.

Dure, dure, cette première rentrée pour la nouvelle Maire de Paris. Alors qu'elle a placé son mandat sous le signe d'un programme ambitieux d'investissements (pour un montant total se situant aux alentours de 8,5 milliards d'euros sur six ans, avec une priorité pour le logement social), Anne Hidalgo est confrontée à une série de problèmes liés à la politique d'austérité du Gouvernement.

La baisse de la dotation de l'État tout d'abord, qui affecte l'ensemble des collectivités locales mais qui touche particulièrement Paris. Par son double statut de commune et de département, la Capitale est en effet affectée deux fois par cette baisse. Paris recevait jusqu'à présent chaque année de 1,2 à 1,3 milliard d'euros. Elle perd 100 millions cette année, sans doute près de 200 millions en 2015. « Dans les trois ans à venir, les concours de l'État devraient être diminués par deux » précise l'Hôtel de Ville. Anne Hidalgo a demandé en juillet une baisse moins « brutale » de ces dotations, et compte voter en ce sens une motion que l'Association des Maires de France (AMF) a encouragé toutes les communes de France à signer.

« Paris ne sera pas une vache à lait »

Autre point de discorde avec le gouvernement de Manuel Valls : les prélèvements opérés sur les finances de la Capitale pour être redistribués à des départements et à des communes pauvres. Au vu des mesures déjà votées par le Parlement, cette contribution devrait augmenter de 60 millions en 2015 pour avoisiner les 450 millions. « Il faut en rester là » estime la Mairie. « La Ville de Paris reste une collectivité riche par rapport aux autres, on en est tout à fait conscient. On soutient la réduction des inégalités entre les territoires » mais celle-ci « va un petit peu vite ».« Paris ne sera pas une vache à lait » avait déjà déclaré Anne Hidalgo le 11 avril dernier en recevant les syndicats de la Ville.

Autre dossier qui fâche : la remise en cause par le Gouvernement de la hausse de la taxe de séjour votée par le Parlement en juillet et qui devait rapporter 60 millions à la Mairie de Paris. Il était en effet prévu de déplafonner la taxe et de la faire passer de 1 € à 5 € par nuitée pour les hôtels 3 étoiles et de 1,5 € à 8 € par nuitée pour les hôtels 4 et 5 étoiles (ex-4 étoiles luxe). «  À Paris, on est très en dessous de ce qui se pratique ailleurs » précise Jean-François Martins, adjoint à la Maire chargé du Sport et du Tourisme. «Pour un palace où les chambres sont parfois à quatre chiffres, on ne paye que 1,5 euros. À Bruxelles, c'est 9 euros la nuit. À Berlin, la taxe représente 5 % de la nuitée ».

Fausses notes pour la Philarmonie

Le problème de la  Philharmonie de Paris  s'ajoute à cette liste de dossiers conflictuels. Située à La Villette, cette salle ultra-moderne de 2 400 places doit être inaugurée en janvier 2015. Bertrand Delanoë s'était engagé à participer au financement pour moitié, l'État apportant l'autre moitié. Mais le coût de l'opération se monte à présent aux environs de 380 millions d'euros, soit 45 millions de plus que prévu, et la Mairie de Paris refuse de verser la rallonge provoquée par ce dépassement.

Par-dessus tout, Paris tient à préserver sa capacité à financer près de 80 % de ses investissements par elle-même. Pour Anne Hidalgo, il est hors de question de renoncer à son programme d'investissement ou d'augmenter les impôts locaux. Pour l'équipe municipale, « il faut trouver le bon dosage pour ne pas affaiblir économiquement la Capitale ».

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