Publié le 27 mai 2014
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Paris et les européennes

Paris n'est pas la France, surtout au niveau électoral, et les résultats des élections européennes dans la Capitale sont atypiques par rapport à ceux enregistrés au niveau national comme cela est très souvent le cas lors des différents scrutins.

Ainsi, le Front National ne retrouve dans aucun arrondissement les 24,85 % des voix qu'il obtient au niveau national (son meilleur score, dans le 16e arrondissement, est de 10,9 %) même s'il parvient à tripler ses suffrages dans la Capitale par rapport à ses résultats des européennes de 2009.

À l'inverse, l'UDI-Modem fait mieux que son score national (9,92 %) dans 17 arrondissements. Même situation pour EELV, avec un score supérieur à celui obtenu au niveau national (8,95 %) dans 17 arrondissements également et le PS avec un score supérieur par rapport aux résultats nationaux (13,98 %) dans 16 arrondissements. Les chiffres sont plus mitigés pour l'UMP (10 arrondissements seulement lui donnent plus de 20,8 % des suffrages, son score national) et le Front de Gauche (qui obtient plus de 6,33 % des suffrages - son résultat pour l'ensemble de la France –  dans 9 arrondissements).

Percée limitée mais réelle à Paris pour le FN

Pour l'ensemble de la Capitale, le Front National atteint ou dépasse les 10 % dans le 16e arrondissement (10,9 %), le 15e (10,6 %), le 17e  (10,3 %) et le 7e (10 %) . Ces chiffres sont très différents de ceux enregistrés lors du 1er tour des élections municipales du 23 mars, puisque le FN obtenait alors ses meilleurs scores dans le 19e arrondissement (7,94 % des suffrages), le 20e (7,48 %) et le 13e (7,46 %). Ils montrent également que la percée du Front National, bien que limitée par rapport à celle constatée au niveau du pays, est réelle à Paris, puisque ce parti n'atteignait la barre des 10 % dans aucun arrondissement il y a deux mois.

Le PS quant à lui obtient ses meilleurs résultats dans le 3e arrondissement (25 %), le 11e arrondissement (23,9 %) et le 10e (23,2 %). Il tombe sous les 10 % dans un arrondissement (le 16e).

Très bons résultats pour l'UDI-Modem

Sans surprise, l'UMP réalise ses meilleurs scores dans le 16e arrondissement (46,1 %), le 8e (39,8 %) et le 7e (39,5 %). Les écologistes obtiennent leurs meilleurs résultats dans le 20e arrondissement (19,4 %), le 18e (19,3 %) et le 19e (19,2 %). Comme lors du 1er tour des élections municipales, ils enregistrent leurs plus mauvais résultats dans le 16e arrondissement (3,9 %) et le 7e (5,5 %). Quant à l'UDI-Modem, qui figure dans le peloton de tête des partis politiques français les plus favorables à l'Europe, ses résultats sont très bons dans la Capitale, avec une percée dans le 6e arrondissement (17 %), le 7e (16,2 %) et le 8e (16,1 %). On enregistre par ailleurs un effondrement total de la liste du NPA conduite par Olivier Besancenot, leader charismatique de l'extrême gauche il y a une dizaine d'années, qui n'atteint ou dépasse péniblement les 1% des suffrages que dans quatre arrondissements : le 13e (1 %), les 18e, 19e et 20e arrondissements (1,3 % dans chacun de ces secteurs).

Une remarque

À un niveau plus général, on a beaucoup parlé depuis dimanche soir de « tremblement de terre europhobe » ou de « tsunami populiste » notamment en France, au Royaume-Uni et au Danemark. Pour la France, la percée du FN est effectivement spectaculaire puisque ce parti dépasse (largement) pour la première fois depuis sa création les 20 % des suffrages exprimés dans un scrutin et qu'un député français sur trois  représentera désormais le Front National au Parlement européen. On peut cependant noter qu'au niveau des  voix obtenues  tout scrutins confondus, le FN avec 4 711 339 suffrages obtenus pour les européennes 2014 perd plus d' 1 700 000 voix par rapport à son résultat de la présidentielle 2012 et retrouve ses niveaux du 1er tour de la présidentielle 2002  et celui de la présidentielle 1995. Depuis son entrée en force dans le champ politique français en 1984 avec 2 210 299 voix lors des élections européennes (alors qu'il n'avait obtenu que 44 414 voix trois ans plus tôt à l'occasion des législatives de 1981), le Front National oscille en fait depuis 30 ans entre 2,2  et 4,8 millions de voix avec des hauts (6 421 426 voix à la présidentielle de 2012) et des bas (1 005 225 suffrages lors des européennes de 1999). Le fait que le FN parvienne à retrouver son niveau des élections présidentielles lors d'un scrutin européen, beaucoup moins mobilisateur, montre néanmoins l'accroissement de son audience.